Audi est une entreprise à l’histoire tourmentée passant entre les mains de divers constructeurs. La marque s’arrête en 1964 dans le groupe Volkswagen qui la rachète avant tout pour son usine qui permet d’augmenter les capacités de production de la Coccinelle. Audi aurait pu disparaître mais Volkswagen a un autre projet, celui de relancer la marque. Cependant, Audi mettra plusieurs décennies à se chercher, un cap est franchi dans les années 1980 avec le rallye et la célèbre Audi Quattro…
Si Volkswagen fait survivre Audi après son rachat en 1964, la firme de Wolfsburg a eu du mal à lui donner un positionnement. Rappelons que lors du rachat, la firme s’appelait AutoUnion et Audi n’était qu’une filiale de ce constructeur, Volkswagen choisi ce nom pour renommer ce constructeur. Le projet d’une berline haut de gamme arrive à convaincre les dirigeants de Volkswagen de laisser vivre Audi pour aller concurrencer les BMW. Si Audi réussit en Allemagne, sa production manque d’une image capable de dynamiser le constructeur.
Heureusement, Audi compte dans ses rangs Ferdinand Piëch, petit fils de Ferdinand Porsche, qui est un ingénieur passionné de mécanique. Il initie le département compétition d’Audi en 1973 qui prend ensuite la décision d’aller vers le championnat du monde de rallyes. Puis l’ingénieur Jörg Bensinger émet l’idée d’utiliser la traction intégrale pour les rallyes, un système déjà commercialisé par le constructeur anglais Jensen. Une idée qui va s’imposer chez Audi, non sans mal, et mener à la conception d’un premier prototype au milieu des années 1970.
Ce premier prototype arrive en Mars 1977, il est composé d’une carrosserie d’Audi 80, du moteur d’origine de la voiture mais d’une transmission issue de la Volkswagen Iltis. Après quelques essais, modifications, Volkswagen donne son accord à la mise en production d’un second prototype courant mai 1978, il fut testé durant l’été 1979. La voiture est convaincante à bien des égards, tandis que le Volkswagen Iltis s’illustre au Paris-Dakar 1980. Tous les voyants sont au vert, la production de l’Audi Quattro est autorisée.
L’Audi Quattro est présentée au public le 03 Mars 1980 dans le cadre du salon de Genève, mais la voiture ne se dévoilait pas dans sa version définitive, il faut pour cela attendre la fin de l’année. Celle-ci prend la carrosserie coupé prévue pour l’Audi 80 qui complétera la gamme quelques mois plus tard. Sur la Quattro, la carrosserie diffère légèrement pour être plus agressive, les pare-chocs sont plus massifs tandis que les ailes sont élargies pour recevoir les trains roulants spécifiques de la voiture. La Quattro reçoit aussi un becquet et un stickers sur la custode ainsi que sur les portières.
Sous le capot se loge le cinq cylindres Audi de 2,1 litres suralimenté, une mécanique déjà utilisée sur l’Audi 200 Turbo quelques temps plus tôt. Mais à voiture exceptionnelle, Audi confère une préparation supplémentaire au moteur pour qu’il développe une puissance de 200Cv. A cette fin, l’échappement voit son diamètre augmenté de 5mm, l’admission d’air est améliorée, le turbo souffle plus fort… Et les performances sont au rendez-vous : 7,1 secondes pour le 0-100km/h, une vitesse maximale à 222km/h ! Cette vitesse de pointe est obtenue à l’aide d’une boite à cinq rapports, issue également de l’Audi 200, dont la cinquième vitesse est allongée.
Mais l’important sur l’Audi Quattro, c’est son châssis, et force est de constater que la voiture est réalisée à partir de pièces récupérées dans la banque de pièces du groupe : le châssis est celui de l’Audi 80, les trains roulants sont des trains avant d’Audi 200, la transmission quatre roues motrices vient de la Volkswagen Iltis. Pour assembler ce mécano géant, des modifications sont apportées sur certaines pièces, un choix également motivé pour renforcer les éléments compte tenu de la destination sportive de la voiture.
Quant à la production de l’Audi Quattro, elle vaut également le détour. Audi ne prévoyait pas que le modèle s’écoulerait à plus de 500 exemplaires et entreprend un montage à la main à l’aide des 100 meilleurs ouvriers de l’usine d’Ingolstadt. Au final, chaque modèle nécessite une quarantaine d’heure de travail et seules quelques unités sortent de l’usine chaque jour.
A la surprise générale, l’Audi Quattro devient un succès commercial, et le modèle devient très demandé. Une longue carrière débute alors, avec quelques retouches de temps à autre apportées au modèle. La première est effectuée en 1983, la Quattro se pare de phares monoblocs Cibié en lieux et place des deux optiques par côté, et l’ABS devient un équipement de série. Une petite retouche suivie en 1985 par une nouvelle face avant à calandre inclinée, les feux arrière deviennent plus sombres tandis que les jantes deviennent plus larges. Sans oublier les nombreuses évolutions techniques que subit la voiture.
En 1988, l’Audi Quattro opte pour une mécanique offrant une plus grosse cylindrée, le cinq cylindres en ligne est porté à 2.226cm3 et se dote d’un nouveau turbo. Mais ce n’est pas la puissance qui en profite, elle reste inchangée à 200Cv, Audi préférant miser sur l’agrément de conduite et la fiabilité. Les performances sont en légère évolution, la voiture met désormais 6,7 secondes pour le 0-100km/h. L’habitacle évolue également en 1988 avec un nouveau tableau de bord et une instrumentation totalement revue.
Dix ans après son lancement, Audi lance une nouvelle évolution de la Quattro avec le moteur de la Sport Quattro présentée en 1984, un cinq cylindres en ligne à 20 soupapes développant une puissance de 220Cv, aidé par une alimentation électronique de chez Bosch. Les performances sont alors dans le haut du panier : 5,9 secondes pour le 0-100km/h, 230km/h pour la vitesse maximale. Cette version vient couronner une longue carrière car la Audi Quattro s’efface en 1991, après avoir marqué le monde de l’automobile, et plus de 10.000 exemplaires fabriqués toutes versions confondues… Rien que ça !