A la toute fin des années 1960, Fiat prend le contrôle de son rival turinois Lancia qui entre ainsi dans une période de renouveau. Les nouveaux modèles arrivent, les nouvelles variantes de carrosseries également. Pour dynamiser la gamme Lancia, l’idée d’un coupé à moteur central émerge et donne naissance à la Montecarlo…
A l’époque de l’acquisition de Lancia, Fiat planchait sur le remplacement de la Fiat 850 Spider et de la 124 Spider et envisageait une voiture à moteur central arrière, une solution que n’a jamais retenu Fiat sur une voiture de série. Pour la carrosserie, Fiat fait appel aux nombreux carrossiers que connait l’Italie : Pininfarina, Bertone… Finalement, c’est Bertone qui fut retenu pour la nouvelle Fiat, la X1/9 allait naître.
Pininfarina avait quant à lui réalisé un projet de voiture à moteur V6 3.0 litres qui est approfondi entre 1971 et 1974. Hélas, la crise pétrolière passe par là entre temps et met à mal le projet, Fiat opère le remplacement du V6 par un quatre cylindres en ligne. Si la présentation de la voiture était attendue pour le salon de Genève 1974, c’est une année plus tard que la voiture fut présentée… sur le stand Lancia et sous la dénomination Beta Montecarlo.
Devant naître Fiat, le projet devient Lancia pour capitaliser sur le succès de la Stratos en rallye (notamment sur l’épreuve de Montecarlo) et pourquoi pas faire de la Lancia Beta Montecarlo une remplaçante à la Statos dans cette compétition. Enfin, c’est la version officielle, car Fiat a réussi à adapter la 124 spider aux normes américaines, rendant non avenu l’arrivé d’une nouvelle sportive. La Beta Montecarlo permet de sauver un projet très avancé tout en complétant l’offre de Lancia avec un modèle sportif, doté d’une robe séduisante griffée Pininfarina et ayant certains points communs avec nombre de sportives de la même époque. Bien insérée dans les années 1970, la Beta Montecarlo fait l’impasse sur les chromes pour faire la part belle aux plastiques, alors symbole de modernité.
La voiture se remarque tout d’abord avec sa face avant noire, le plastique y est omniprésent… Le plastique noir s’affiche également sur le bouclier arrière tandis que sur les côtés, une bande adhésive tente d’imiter une protection en plastique. Les Beta Montecarlo sont également lancées en version spider dès 1976 avec un toit repliable en matière souple. Si la ligne est moderne, elle n’est pas aérodynamique, le Cx est seulement de 0,39, un score plutôt médiocre.
Mais le cœur de la voiture , c’est avant tout son moteur, c’est un quatre cylindres Fiat de deux litres entièrement nouveau qui se loge dans la Beta Montecarlo. Conçu par l’ingénieur Lampredi, cette mécanique est alimentée par un carburateur Weber double corps, le bloc est réalisé en fonte et la culasse en aluminium et se trouve accolé à une boite à cinq rapports. Au final, cet ensemble mécanique développe 120cv et permet une vitesse maximale à 195km/h… Un peu léger pour une voiture de sa catégorie, d’autant que l’époque des petites GTi était en train d’émerger.
Lancée en 1975 en Europe, la Beta Montecarlo débarque la même année aux Etats-Unis sous le nom « Lancia Scorpion » avec ses équipements spécifiques pour répondre aux normes locales : pare-chocs proéminents, répétiteurs de clignotants, phares ronds… la Scorpion s’équipe d’une climatisation de série, et d’un moteur 1800 développant… 81Cv. Autant le dire, la Lancia Scorpion ne fait pas recette et est arrêté dès 1977.
La Lancia Beta Montecarlo permet également à Lancia de revenir à la compétition sur circuit dans sa version Turbo qui s’intègre dans le Groupe 5. Ce programme sportif est mis en route dès 1978, le turbo greffé sur une mécanique de 1,4 litres permet de développer jusqu’à 370Cv. Le succès est au rendez-vous avec le titre de Champion des Marques en catégorie moins de deux litres obtenu en 1979 et en 1982. Lancia développa également des versions de 1,7 litres dont la puissance était porté jusqu’à 500CV.
Sur le plan commercial en Europe, la Lancia Beta Montecarlo est en dessous des attentes et sa production est interrompue dès 1978 afin d’écouler les stocks. Lancia n’en a cependant pas fini avec la Montecarlo et lance une seconde série lors du salon de Genève 1980, elle perd alors le nom Beta pour devenir simplement Lancia Montecarlo. Cette version n’apporte aucune nouveauté côté mécanique à l’exception de l’allumage électronique et d’une pompe à essence mécanique. C’est davantage le style qui change : bande en aluminium au dessus du pare-chocs arrière, jantes de 14 pouces au lieu du 13 pouces, des custodes se logent derrière les portes, la calandre est légèrement revue et des rétroviseurs de taille plus importante montés sur les déflecteurs.
Malheureusement, la Lancia Montecarlo n’apporte pas le sursaut escompté au niveau des ventes, Lancia se résout à mettre à la retraite la voiture dès 1981 après 5.794 exemplaires vendus en Europe, auxquels se rajoutent les 1.801 exemplaires américains. Au final, Lancia est loin du compte avec la Montecarlo, cette voiture n’a pas aidé la filiale de Fiat à renflouer sa trésorerie. Toutefois, elle permet au groupe Fiat de commercialiser un projet déjà financé. Et c’est tant mieux pour nous.