Fondée en 1948, le constructeur japonais Honda était initialement un producteur de motos, une production qui lui permet d’acquérir une certaine notoriété dans son pays. En 1959, Honda a des yeux vers les Etats-Unis et y fonde sa première filiale à l’étranger. Cela même malgré les réticences du gouvernement japonais qui craint de voir Honda y perdre des plumes, et lui interdire d’y investir plus de 250.000$. Malgré des moyens limités, Honda s’implante avec succès aux Etats-Unis grâce à ses modèles de petite cylindrée. En moins de dix ans, Honda devient le numéro un de la moto aux Etats-Unis et célèbre son millionième exemplaire vendu là-bas en 1968.
Entre-temps, Honda s’est diversifié et produit des automobiles depuis 1963, initialement des voitures à moteur de motos comme la S360 et la S600. C’est à partir de 1969 que les premières voitures Honda foulent le sol américain, le démarrage est confidentiel avec une gamme alors composée de la petite N600 et du roadster S600. Il faudra le choc pétrolier de 1973 pour véritablement lancer les automobiles Honda aux Etats-Unis, la Civic lancée en 1972 en bénéficie puis la berline Accord, lancée en 1976, connaitra elle aussi un important succès face aux grosses américaines à la consommation gargantuesque. Mais voilà, dans une Amérique au sentiment antijaponais marqué, les parts de marché gagnées par Honda (et les autres constructeurs japonais) le sont au détriment des constructeurs américains, il en faut pas moins pour faire renaitre une fibre patriotique.
C’est peu ou prou à cette époque que Honda se pose la question d’établir une usine aux Etats-Unis. La demande y est telle qu’à l’avenir, les usines japonaises pourraient avoir du mal à suivre. Produire à proximité de la demande est également une solution logique chez Honda, cela permettrait à terme de faire appel à des fournisseurs locaux et de proposer des produits spécifiques pour le marché américain. Pour autant les concessionnaires sondés sur le sujet y sont plutôt hostile, une partie des ventes de motos Honda repose sur l’argument « made in Japan ». Honda passa outre et lança l’étude de faisabilité d’une usine. La maison-mère laissa d’ailleurs les mains libres à sa filiale américaine, les seules incontournables étaient, pour le choix du site : un terrain plat, desservi par une autoroute et un aéroport commercial dans les environs.
Le Nevada et la Californie ont été étudiés notamment en raison de leur proximité avec le Pacifique, c’est finalement l’Ohio et la ville de Marysville qui seront retenus. Un secteur rural à trois heures au sud de Detroit mais qui obtient la ferveur des autorités locales, et qui permet à Honda de s’installer avec ses pratiques de management (et permettra d’esquiver la question syndicale…). Bref, en 1977, Honda annonce la construction de son usine américaine, et en septembre 1979, Honda produit sa première moto sur le sol américain, il est le second constructeur japonais à le faire après Kawasaki qui dispose de son usine américaine depuis 1974. En parallèle, compte-tenu de la forte demande des automobiles Honda, la même question se pose pour ce produit, tout le travail réalisé pour les motos est transposé à l’automobile. En 1980, Honda lance la construction d’une usine automobile, toujours à Marysville, calibrée pour la production de la berline Accord.
Le 1er novembre 1982, la première automobile Honda sort d’usine, c’est la première voiture japonaises à être produite sur le sol américain. Pour l’instant, les premières Accord produites le sont à partir de pièces d’origine japonaises mais cela marque le départ d’un déplacement progressif de la production automobile japonaise vers les Etats-Unis, suivi de certains fournisseurs, avec le succès que l’on connait à Honda. C’est aussi le premier succès en la matière sur les terres américaines, Volkswagen qui avait acquit en 1976 une usine à Chrysler s’enlisait entre surcapacité, problèmes de main-d’œuvre et problèmes de qualité… Dans le même temps, Nissan suivait de près Honda pour ouvrir une usine aux USA en 1983, et Toyota suit en 1988…