La survie de BMW ne tient qu’à une petite voiture, l’Isetta, bien loin de l’image de constructeur premium que l’on a aujourd’hui. Et pourtant, rien ne prédestinait BMW a produire une si petite voiture, mais dans l’immédiat de l’après guerre, le marché des microcars naît en réaction aux délais d’attentes pour s’acheter une voiture neuve ainsi que le manque de voitures d’occasion. Si BMW produisait encore des voitures luxueuses, ce créneau est trop concurrentiel en Allemagne, et la découverte de cette petite voiture allait changer l’histoire du constructeur de Munich.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le marché de l’automobile est en berne. Les usines d’Europe mettent des années avant de panser leurs plaies et faire redémarrer les chaines de montage, et beaucoup de constructeurs se relancent avec des modèles d’avant-guerre. Mais pour BMW, le redémarrage s’avère plus difficile dans une Allemagne coupée en deux, si les usines de Munich se situent du côté de la RFA, les usines qui produisaient les automobiles sont situées du côté soviétique, celles-ci seront rapidement nationalisées… Du côté de Munich, l’usine est fortement endommagée et nécessitera de longues années de reconstruction; elle ne permet que la production de motos au compte goutte.
Mais l’automobile, BMW y revient, il faut attendre 1952 pour enfin revoir une voiture portant le blason du constructeur allemand avec la berline 501, rapidement rejointe par la berline 502, le coupé 503 et le cabriolet 507. Mais face à la concurrence, BMW ne fait pas le poids, les berlines paraissent démodées, les prix sont élevés, … les ventes demeurent faibles et ne permettent pas à BMW d’envisager l’avenir à long terme, et l‘automobile fait plonger les comptes du constructeur dans le rouge, en dépit des bonnes performances des deux-roues. En face, la concurrence a écho des difficultés du constructeur bavarois, et Mercedes se propose déjà pour racheter l’entreprise. L’offre est rejetée, les dirigeants de BMW pensent avoir trouvé une nouvelle arme pour relancer BMW : l’Iso Isetta.
C’est en 1954 que le principal importateur BMW en Suisse découvre, lors du salon de Genève, l’Isetta d’Isomoto, une petite voiture italienne à deux places présentée comme un scooter carrossé. BMW était alors à la recherche d’un second souffle et des études préliminaires pour une voiture populaire avait été lancées, ayant connaissance de cela, l’importateur Suisse averti les dirigeants de BMW de l’existence de cette voiture, plus encore, cette voiture se vendant mal en Italie, son constructeur cherche à vendre la licence.
Après quelques essais effectués en Allemagne, cette voiture surprend par ses qualités en dépit de sa taille, et la petite Isetta pourrait répondre aux attentes des allemands. Sans plus attendre, BMW rachète la licence de l’Isetta pour l’Allemagne et le Royaume-Uni, et améliore la voiture : en lieu et place du monocylindre deux temps à mélangeur huile/essence, un monocylindre quatre temps de 247cm3 équipant les motos BMW prend place, celui-ci développe 12Cv et permet d‘atteindre les 80km/h.
A l’automne 1954, BMW annonce l’arrivée prochaine de ce nouveau modèle dans sa gamme, mais la présentation officielle de la voiture n’a lieu que le 5 Mars 1955, lors d’une simple conférence de presse ayant lieu au sein d’un hôtel au bord du lac Bachmair. « Avec la BMW Isetta, un type de véhicule économique et un concept tout à fait nouveau est offert au public » dira le chef de développement de cette voiture. L’Isetta est une petite voiture qui innove, avec sa petite taille et sa porte frontale, on pense la BMW capable de résoudre les problèmes de circulation et de stationnement en milieu urbain.
Grâce à son prix contenu, la BMW Isetta surclasse toutes ses concurrentes allemandes du moment, et les commandes affluent rapidement. Lancée en Avril 1955, 10.000 Isetta seront déjà fabriquées huit mois plus tard ! D’ailleurs, les premiers retours des clients reviennent, la voiture a ses qualités, mais elle présente aussi des défauts : boite de vitesses dure à manier, direction floue, accélération en deçà des attentes, habitacle exposé à la chaleur en été …
BMW semble répondre aux premières critiques avec une modification au niveau des vitres, qui deviennent désormais coulissantes. Cette même année, l’Isetta devient Isetta 300 par l’adoption d’un moteur plus gros, d’une part en réaction des critiques des premiers clients, mais surtout parce qu’intervient un changement législatif : les voiturettes doivent être au minimum équipées d’un moteur de 300cm3. BMW se conforme à cette nouvelle loi avec un monocylindre de 298cm3 de 13Cv lui aussi, mais le moteur gagne en couple. Cette année, les ventes de l’Isetta bondissent, en cause, la crise du canal de Suez et la hausse des prix de l’essence en découlant, la petite BMW se démarque par sa très faible consommation et attire ainsi de nouveaux clients.
Si les ventes sont très bonnes, BMW peine à dégager une marge avec l’Isetta. Ainsi, en 1958, alors que l’Isetta franchit le cap des 100.000 exemplaires, les finances de BMW restent dans le rouge, plombées par des coûts de production trop élevés. Pour dynamiser les ventes, la BMW 600 avait été présenté en 1957, il s’agissait d’une « grosse Isetta » à quatre places dont les ventes resteront anecdotiques.
En 1958, BMW se voit contraint d’augmenter le prix de vente de l’Isetta, malheureusement, en même temps, le marché commence à tourner, les clients potentiels de l’Isetta se tournent soit, grâce à l’amélioration du pouvoir d’achat, vers une voiture plus grandes, ou à défaut, vers le marché de l’occasion. Les ventes chutent, l’Isetta fut maintenue au catalogue BMW jusqu’en 1962, après 161.728 exemplaires vendus. Le retrait de l’Isetta se fait sans regret, la voiture n’était plus attirante et ses formes, si elles étaient qualifiées de futuristes lors de la présentation de la voiture, étaient entre temps devenues désuètes.
Si le succès de la BMW Isetta est avant tout allemand, n’oublions pas que BMW réussi à exporter cette voiture, notamment au Royaume-Uni pour lequel BMW avait acquit la licence de l’Iso Isetta, la voiture y sera assemblée localement dans une usine située à Brighton à partir de 1957, avec la spécificité d’avoir le volant à droite, et par conséquent, la porte avant s’ouvre dans le sens inverse que les Isetta allemandes. Quelques composants de la voiture sont également troqués pour des produits de conception locale. Grâce à sa version à trois roues, la BMW Isetta se classe au Royaume-Uni dans la catégorie des motocyclettes, ce qui est avantageux fiscalement pour le client, les versions quatre roues étaient produites pour être exportées vers le Canada, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie. La production s’arrête en même temps qu’en Allemagne, en 1962, après plus de 20.000 unités construites.
Autre marché sur lequel l’Isetta s’illustre, ce sera les Etats-Unis, avec 12.787 exemplaires écoulés sur le nouveau continent. Pour y être commercialisée, l’Isetta reçoit quelques modifications comme des feux de stationnement latéraux, des phares plus puissantes mais aussi des fenêtres permettant une meilleure ventilation.
Au final, la BMW Isetta aura-t-elle sauvé BMW ? La réponse ne peut pas être ferme et définitive, bien évidement, ce projet n’aura rapporté que peu d’argent à la marque, et sans doute lui en aurait-il fait perdre à cause d’une mauvaise estimation des coûts de production. D’ailleurs, en 1959, les projets d’une vente de BMW à Mercedes réapparaissent compte-tenu du déficit de la marque à l’hélice, mais le succès de la BMW 700 allait en décider autrement. Mais l’Isetta a permis malgré tout à BMW de reprendre son souffle, en permettant de faire tourner les usines avec un certain volume de production, et ainsi d’acquérir de l’expérience dans le secteur des voitures populaires. Et c’est avec cette expérience que la firme lance la BMW 700, qui répondra parfaitement aux attentes des clients, et qui permis à la firme munichoise de commercer son extraordinaire ascension. Et les difficultés des années 1950 n’étaient plus qu’un lointain souvenir… La BMW Isetta n’a donc pas sauvé BMW, mais elle aura donc aidé le constructeur bavarois à poser les bases d’un nouvel élan bénéfique.
il y a quelques annee cela a été ma premiere voiture j ai 67 ans
amusant la porte unique à l’avant, mais comment rentrer dans l’Isetta lorsque un autre usager n’ayant pas fait attention à ce système se gare trop près? cela me rappelle une anecdote sur les 1ères DS 19. pour inciter les conducteurs à monter ou descendre côté trottoir et non côté rue, Citroën n’avait équipé la voiture avec une serrure fermant à clé de l’extérieur que sur la porte AVD. oui mais après un certain temps d’arrêt, la suspension se « dégonflait » et le bas de la portière heurtait la bordure de trottoir dès que l’on voulait l’ouvrir. et l’on ne pouvait entrer dans l’auto. Ils ont vite mis une serrure à clé aussi à l’AVG! de même il n’y avait pas non plus de levier de réglage de hauteur de la suspension. Il est arrivé que des DS stationnées sur de la neige épaisse posent leur « ventre » sur la neige et que les roues remontent dans la caisse un peu comme un train d’atterrissage .