Si L’espada apparaît dans les heures de gloire de Lamborghini entre la Miura et la Countach, le modèle ne connaîtra pas la postérité des deux hypercars de Lamborghini. Toutefois, l’Espada a su se démarquer en son temps par sa carrosserie atypique, ses performances et son confort qui en ont fait un important succès commercial…
Il existe des marques automobiles qui sont nées de la volonté de réparer un affront, tel est le cas de Lamborghini. Prenez un riche producteur italien de matériel agricole qui se passionne pour les voitures sportives, il achète logiquement des Ferrari, mais celles-ci le déçoivent. En tant que riche client, il peut se permettre d’émettre ses critiques à Enzo Ferrari en personne, qui le renvoi balader d’une façon peu amicale. Piqué au vif, celui-ci décide de fonder sa propre marque automobile pour rivaliser avec les productions de Maranello.
Si les débuts de Lamborghini sont hésitants, l’entreprise marque rapidement le marché automobile avec sa Miura et ses performances hors du commun. Une vengeance assouvie qui ouvre de belles perspectives à la jeune entreprise, celle de passer du stade d’artisan à celui d’industriel, encore faut-il une voiture moins exclusive que la Miura. Si les précédentes tentatives avaient tournées à l’échec, Ferrucio Lamborghini décide de mettre toutes les chances de son côté pour doter son entreprise d’une routière bourgeoise, et décide de se tourner vers le carrossier Bertone chez qui œuvre un certain Marcello Gandini.
Ce dernier lui rend sa copie en 1967 avec le prototype Marzal, une voiture sortie tout droit des œuvres de science fiction, la ligne tranche avec le reste de la production automobile en présentant un habitacle tourné vers l’extérieur par sa grande surface vitrée. Si Lamborghini était adepte de lignes novatrices, le prototype Marzal va trop loin, Bertone revoit sa copie quelques mois plus tard avec un second prototype, plus conventionnel qui débouchera, après quelques retouches, sur l’Espada.
La Lamborghini Espada est donc présentée en 1968 dans le cadre du salon de Genève, cette voiture est un coupé offrant quatre places et un habitacle plutôt luxueux sur le segment des sportives. Les lignes de la voiture restent extravagantes pour le marché, l’Espada se reconnait de suite et son lancement ne passe pas inaperçu. Les performances annoncées sur la fiche technique de la voiture ont de quoi séduire puisqu’elles se rapprochent de celles de la Miura. Avec de tels atouts, l’Espada rencontre rapidement un important succès.
L’Espada embarque le moteur V12 Bizzarini dans sa version 3,9 litres, alimenté par six carburateurs Weber 40 DCOE qui gavent le moteur qui propose 325Cv, lui permettant de frôler les 250km/h ! Conçue sur le châssis de la Lamborghini 400GT 2+2, l’Espada reçoit quatre roues à suspension indépendante, un freinage assuré par des disques, le tout permettant d’assurer une bonne tenue de route à haute vitesse.
L’Espada bénéficie également des recherches effectuées sur le prototype Marzal dans l’habitacle, qui se trouve irradié par la lumière naturelle, on notera l’importante lunette arrière qui offre au conducteur une excellente visibilité. L’intérieur de l’Espada est entièrement tourné vers le confort des occupants, le volume de l’habitacle a été maximisé en abaissant le plancher de 2 centimètres, en montant le moteur le plus en avant possible et en allongeant le châssis de la 400GT 2+2 de 10cm, un espace qui est aménagé selon le désir des clients, climatisation, minibar, télévision sont disponibles en option !
Très rapidement, Lamborghini fait évoluer l’Espada puisque dès février 1970, l’Espada GTE apparaît pour remplacer l’Espada première du nom. Cette nouvelle version s’offre le moteur de la Miura S, à savoir un V12 de 350Cv. L’habitacle est légèrement modifié avec une console repensée, et l’équipement de la voiture s’améliore : quatre freins à disque ventilé de série, la direction assistée est disponible en option.
Le succès rencontré par l’Espada donne des ailes à Lamborghini puisqu’en 1971, un prototype d’Espada à quatre portes réalisé par le carrossier Frua est présenté mais resta sans lendemain. En décembre 1972, l’Espada passe à sa troisième génération, les changements sont minimes et la mécanique conserve ses 350Cv. Sa carrière perdure jusqu’en 1978, soit dix ans après son lancement, Lamborghini a écoulé durant ce laps de temps 1.224 Espada, un véritable succès commercial pour Lamborghini !
Quelques corrections : le moteur de la Miura S ne faisait pas 350 mais 370 CV ; quant à la 4 portes signée Frua – qui s’appelait en fait la Faena – il ne s’agissait pas à proprement parler d’un prototype mais d’une commande spéciale passée par l’intermédiaire d’un concessionnaire suisse. Pour le reste, fort bon article.