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La Jamais Contente (1899)

            A la toute fin des années 1890, l’automobile est encore naissante mais déjà, les premières épreuves sportives sont apparues, en 1898, le record du monde de vitesse terrestre est organisé pour la première fois. Camille Jenatzy fait parti des premiers pilotes à inscrire son nom au tableau des records, il fut le premier à dépasser les 100km/h avec la Jamais Contente… 

               Paul Meyan, directeur de la revue « La France Automobile », principal magazine tourné vers l’automobile, décide de fonder une course qui se court sur deux kilomètres, avec deux chronométrages : un pour le kilomètre départ arrêté, l’autre pour le kilomètre lancé. Celui-ci donne rendez-vous aux compétiteurs sur la ligne droite d’Achères, le 18 décembre 1898, au terme de cette journée, c’est le Comte de Chasseloup-Laubat qui fut le premier à afficher son nom au palmarès du record de vitesse terrestre, avec une moyenne de 64,154km/h. Dans les jours qui suivent, le belge Camille Jenatzy, fils d’un fabriquant d’objets en caoutchouc, contacte Paul Meyan pour défier le Comte de Chasseloup-Laubat, toujours selon les mêmes règles.

Jamais Contente (7)

                Camille Jenatzy n’est pas inconnu dans le monde parisien, ingénieur en électricité, il croit en l’avenir de la traction électrique et venait tout juste de fonder sa propre entreprise, la Compagnie Générale des Transports Automobiles, avec laquelle il fabriquait et commercialisait des fiacres et utilitaires électriques. C’est pour se faire connaitre qu’il défit le Comte de Chasseloup-Laubat, ils se retrouvent tous les deux le 17 janvier 1899, toujours à Achères, Jenatzy s’élance sur une voiture de sa conception et est chronométré à 66,66km/h : record battu. Mais le Comte de Chasseloup-Laubat lui reprend le record quelques minutes plus tard avec une moyenne de 70,31 km/h.

Jamais Contente (3)

                 La lutte entre les deux hommes ne vient que de commencer, ils se retrouvent le 27 février suivant, cette fois, c’est Jenatzy qui rafle la mise avec 80,35km/h de moyenne, mais Chasseloup-Laubat revient le 4 mars avec une voiture profilée et effectue une moyenne à 92,307km/h. Jenatzy n’est pas surpris de ce résultat, ce dernier avait commencé l’étude, dans le plus grand secret, d’une voiture profilée, et donne rendez-vous à son rival pour pousser toujours plus loin ce record.

Jamais Contente (1)

             La voiture que Jenatzy prépare, c’est la Cita n°25, surnommée La Jamais Conte, qui fut présentée le 31 mars 1899. Cette voiture a la forme d’une torpille, sa carrosserie est constituée de tôles de partinium, un alliage très léger composé d’aluminium, de tungstène et de magnésium, étudié pour être le plus léger possible mais également pour fendre l’air. Sur le plan technique, il s’agit d’une voiture électrique équipée de deux moteurs Postel-Vinay de 25 kW, fonctionnant à 200 V et développant 124 Ampères chacun, la puissance de la voiture est ainsi estimée à 55Ch. Chacun de ces moteurs entrainait une roue arrière, ils étaient alimentés par une batterie Fulmen de 650Kg. Avec 250Kg de moteurs, 200Kg pour le châssis et la carrosserie, la Jamais Contente affichait un poids de 1.100kg. Notons également que la jamais Contente est montée sur des pneumatiques à air Michelin.

                  Le 31 mars 1899, la Jamais Contente s’aligne sur la ligne droite d’Achères, elle s’élance mais au terme de sa course, la performance de la voiture n’est pas homologuée : Jenatzy avait demandé à partir 200 mètres avec le repère officiel, le chronométreur ayant été averti trop tard, Jenatzy a parcouru 2.200 mètres. Mais ce n’est que partie remise, le 29 avril suivant, Jenatzy s’élance toujours sur cette même ligne droite d’Achères, quelque peu détrempée, et atteint la vitesse moyenne de 105,879km/h : elle devient la première voiture à franchir le cap des 100km/h et entre ainsi dans l’histoire. Le Comte de Chasseloup-Laubat, de son côté, décide de laisser à Jenatzy ce record et s’efface. Quant à la voiture, à exploit histoire, la Jamais-Contente est pieusement conservée au sein du musée de l’automobile de Compiègne.