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Hurtu

              Parmi ses multiples activités, Hurtu fut constructeur d’automobiles. L’aventure de cette entreprise débute dans la seconde moitié du XIXème siècle par l’association de deux hommes, Auguste-Jacques Hurtu et Victor-Joseph Hautin. Le premier fit son apprentissage dans l’entreprise De Wendel, fabriquant de locomotives, il s’intéressa par la suite aux machines à coudre, Auguste-Jacques Hurtu fabriqua en 1861 sa première machine à coudre le cuir (1), avant de fonder son premier atelier en 1864 à Paris, au 54 rue Saint Maur. En 1865, sa sœur, Marie Hurtu épouse Victor-Joseph Hautin, qui avait fait ses premiers pas chez De Wendel. Les beaux-frères s’entendent et s’associent en 1867 pour construire des machines à coudre qu’il fabriquent à Albert, un village de la Somme (2). A cette époque, l’armée était le principal utilisateur de machines à coudre, la guerre franco-prussienne de 1871 permet à Hurtu & Hautin d’accroitre ses commandes et d’utiliser de nouvelles techniques de fabrication par l’utilisation de pièces interchangeables. La qualité des machines à coudre Hurtu & Hautin n’est plus à faire, l’entreprise remporte de nombreux prix lors de concours.

               En 1890, l’ingénieur des Arts et Manufactures Jean-Charles Emile Diligeon s’intéresse à l’entreprise Hurtu & Hautin, l’homme dispose d’une certaine fortune et se passionne tout particulièrement au vélocipède, que l’entreprise Hurtu & Hautin pourrait être en mesure de produire. Les trois hommes s’associent à la fin de l’année 1890 pour former l’entreprise Hurtu, Hautin et Diligeon (3). Ce n’est qu’un an plus tard que Hurtu se lance effectivement dans la production de vélos.

                 De la production de vélocipèdes à l’automobile, il n’y a qu’un pas que Diligeon rêve de franchir, comme venait de le faire Peugeot. En 1896, Jean-Charles Emile Diligeon rachète les parts d’Auguste-Jacques Hurtu et Victor-Joseph Hautin et transforme l’ancienne société Hurtu, Hautin et Diligeon en une société au capital de 1,5 million de Francs. Cette même année, il obtient un accord avec Léon Bollée pour la production de cent tricycles dénommés « Tricar » sur l’année 1897. Cela permet à Hurtu d’apprendre l’assemblage de véhicules automobiles et d’étudier les composantes mécaniques. Dès l’année suivante, Hurtu commercialise sa première voiture à quatre roues, la Type AH qui s’inspire largement de la Benz. Cette dernière connait un certain succès puisqu’il s’en écoula plus de deux cent unités jusqu’en 1900.

                 En 1900, Hurtu présente la Type G, une voiture moderne qui prend la place de l’archaïque Type AH. Il s’agit d’une voiture assemblée à l’aide de composantes achetés auprès d’autres entreprises, notamment le moteur qui provient de chez de Dion. Hurtu produit quelques pièces parmi lesquelles le carburateur, la transmission et le radiateur. Le succès fut an rendez-vous, au fil des années, le moteur de Dion est troqué contre un moteur Aster. La gamme s’étoffe, à la fin des années 1900, Hurtu propose une gamme allant de la voiture monocylindre aux quatre cylindres de 12 et 24HP. Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, Hurtu fut une entreprise florissante mais le conflit casse cet élan, l’usine se situant dans la Somme, elle fait les frais des combats entre les belligérants.

              La paix revenue, Hurtu doit reconstruire une très grande partie de son outils de travail, une petite partie avait été rapatriée sur Paris avant la destruction de l’usine. La marque relance sa 12HP, sans grande conviction. En fait, Hurtu préfère miser ses forces sur l’activité des motocyclettes, un marché florissant qui va permettre à l’entreprise de retrouver des couleurs. Aussitôt les premiers bénéfices engrangés, Hurtu planche sur deux nouvelles voitures qui sont lancées en 1922, une 12-14HP avec son moteur de 2.358cm3 et une 10-16HP sport. les ventes ne décollent pas, le marché subit l’effet Citroën qui laisse peu de place aux petits constructeurs. En 1925, Hurtu tente de corriger le tir avec une 10HP de 1.328cm3, plus accessible mais en concurrence frontale avec Citroën qui dispose davantage d’atouts. L’activité automobile d’Hurtu vivotera jusqu’en 1929, cette année là, Hurtu préfère se concentrer sur le marché des deux roues…

Sources
(1) : Brevet n° 49367 déposé le 22 avril 1861.
(2) : Le 11 juin 1867, l’entreprise Hurtu & Hautin dépose le brevet n°76710
(3) : Avis de constitution de la société dans le Radical du 14 octobre 1890.
Bibliographie
Gazoline n°192, décembre 2012.