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Scripps-Booth : l’histoire de la marque

           Scripps-Booth était un constructeur américain d’automobiles actif entre 1913 et 1923, année de son rachat par Chevrolet. Ce constructeur s’est en son temps démarqué avec sa Bi-Autogo, un véhicule à mi-chemin entre la voiture et la moto… 

            James Scripps-Booth, né en 1888, appartient par sa mère à la famille qui possède la E.W. Scripps Company, une entreprise spécialisée dans la presse écrite. Dans son foyer, sensibilité à l’art, il dessine et devient autodidacte en la matière,  il étudia en 1911 à l’école des Beaux-Arts de Paris. James Scripps Booth développe également un intérêt pour l’ingénierie mécanique et la conception automobile, pendant son adolescence, il s’attache à démonter et remonter la voiture de ses parents et étudie chaque pièce pour en comprendre le fonctionnement. Lors de son retour aux Etats-Unis en 1912, à côté de son activité d’article, il décide de s’atteler à la conception d’une automobile qu’il souhaite sportive mais surtout, qui se distingue du reste de la production.

SCRIPPS-BOOTH Bi-Autogo (1)

                 Ses premiers dessins de son automobile consistaient à envisager des nouvelles conceptions d’automobiles, qu’il affine dans la tendance naissante des cyclecars que James Scripps-Booth avait pu connaitre en France. Il développe ainsi un véhicule à mi-chemin entre la moto et la voiture, le Bi-Autogo, dont la particularité était d’avoir deux roues principales et deux petites roues stabilisatrices et rétractables. Pour sa voiture, Scripps-Booth utilise un V8 de sa propre conception (il s’agit du premier V8 de l’histoire de Detroit) qui développait 45Ch, permettant à la Bi-Autogo de rouler jusqu’à 120km/h. Le moteur est refroidit par cent-cinquante mètres de tubes de cuivre faisant office de radiateur. La Bi-Auto reçoit également un démarreur par air-comprimé. Cette voiture a coûté 25.000$ à son créateur, une somme extravagante pour l’époque qui laisse la Bi-Auto sans lendemain sur le plan commercial.

SCRIPPS-BOOTH Rocket (1)

              Dans le même temps, James Scripps Booth lance son entreprise automobile, la Scripps-Booth en mai 1913 pour produire un cyclecar inspiré de la production de l’entreprise française Bédélia. La Scripps-Booth « Rocket » est propulsée par un moteur bicylindre en V refroidi par air venant du motoriste Spacke, la transmission à deux vitesses entrainait deux courroies en cuir située de chaque côté de la carrosserie pour mettre en marche le train arrière. Vendue au prix de 385£, soit très proche d’une Ford T, il ne s’écoula que 400 unités de ce cyclecar jusqu’en 1914, année de l’arrêt de production du Rocket. 

SCRIPPS-BOOTH Model C (a)

           Constatant que la voiture de Henry Ford freinait la distribution des cyclecars aux Etats-Unis grâce à sa production en très grande série et son prix toujours plus bas chaque année, Scripps-Booth entreprend une réorientation de sa production avec le lancement en 1914 de la Model C, un modèle de gamme moyenne s’insérant au-dessus de la Ford T pour éviter sa concurrence. La Model C est un roadster propulsé par un quatre cylindres en ligne provenant de chez Sterling, d’une puissance de 20Ch transmise aux roues arrière par un arbre. La Model C était légère, compacte (imposant de décaler légèrement les fauteuils) mais avec une bonne qualité d’assemblage et quelques éléments distinctifs comme la calandre en pointe d’inspiration allemande ou les roues à rayon Houk, son prix contenu permet d’en faire un succès relatif, dont une partie de la production s’exporte à l’étranger, notamment vers Cuba ou le Royaume-Uni.

SCRIPPS-BOOTH Model D (1)

                En 1916, le Model D complète la gamme aux côtés du Model C, il s’agit toujours d’un roadster mais le moteur est désormais un V8 fabriqué par Ferro, toujours équipé d’une calandre en pointe. Cette année 1916 marque un tournant chez Scripps-Booth, à l’occasion d’une opération d’augmentation de capital, William C. Durant, propriétaire de plusieurs dizaines de constructeurs américains composant General Motors, entre au capital et impose de nouvelles orientations et notamment l’adoption des moteurs Chevrolet, une des marques appartenant à Durant. Un choix qui amène au départ de James Scripps-Booth et à la prise de contrôle de l’entreprise par Durant au cours de l’année 1917.

SCRIPPS-BOOTH Six 1919 (1)

             Dès lors, la marque Scripps-Booth est intégrée à General Motors et la production rationalisée, en 1918, la nouvelle Model G est construite sur une base de Chevrolet 490 dont elle partage le moteur, la transmission et l’essieu arrière. Les modèles qui suivent bénéficient de châssis Oakland et de moteurs Northway, Scripps-Booth restant maître de ses carrosseries, ce qui permet de maintenir le radiateur en V comme signe distinctif. Cette rationalisation dans le choix des composants permet à Scripps-Booth de connaître sa meilleure époque en termes de ventes, la force du réseau commercial de General Motors n’était sans doute pas étrangère au succès. En 1920, l’usine Scripps-Booth commence à produire des Buick, laissant une place de plus en plus réduite aux Scripps-Booth. La marque disparait en 1923 après la vente des dernières Scripps-Booth produites fin 1922.

SOURCES
- Science et Vie, n° 458, novembre 1955, p. 28.