Avec le rachat d’AMC opéré en 1979, Renault était en bonne place aux Etats-Unis dans les années 1980 et avait quasiment remporté son pari sur sa présence sur le nouveau continent. La Régie obtient rapidement une solide expérience sur les attentes des consommateurs et lance sa première voiture conçue rien que pour ce marché, la Renault Premier.
Si Renault a toujours été présent aux Etats-Unis, son activité après les années 1960 s’était limitée à celle d’un importateur avec des volumes très faibles. A partir de 1976, Renault noue un partenariat avec AMC en vue de la diffusion de la Renault 5 appelée « Le Car » outre Atlantique, ce qui va donner une nouvelle impulsion à l’aventure américaine de Renault. Quelques années plus tard, la Régie prend le contrôle d’AMC alors en mauvaise posture financière et développe une gamme en déclinant ses modèles européens.
C’est ainsi qu’apparaissent les Alliance (R9) et Encore (R11) à partir de 1983 puis la Medallion en 1987 qui était un clone de R21. Mais le client américain ne veut pas que des voitures populaires ou familiales, il veut du luxe. C’est pourquoi AMC-Renault se met à plancher sur une berline haut de gamme avec l’idée de faire une R25 à la sauce américaine. Mais Renault met beaucoup de contrainte dans ce projet comme la reprise des éléments de la R25 ainsi que de la future R21 dont les développements touchaient à leur fin en ce milieu des années 1980.
Pour concevoir la Renault Premier, deux équipes entrent en concurrence : le bureau d’études d’AMC basé en Californie et une équipe du groupe ItalDesign de Turin dans lequel opère le célèbre Giorgetto Giugiaro. Et comme à l’école des fans, il n’y a pas de perdants : ItalDesign impose sa vision du style extérieur avec une ligne présentant un Cx de 0,31; tandis qu’AMC remporte l’aménagement intérieur. Dans le même temps, AMC-Renault lance la construction d’une usine ultra moderne au Canada qui accueillera, entre autre, la production de la Renault Premier.
Il existe un débat sur la base de la Renault Premier, certains évoquent une base dérivée de la Renault 25, d’autres indiquent qu’il s’agit d’une base de Renault 21. La réalité semble être en les deux, certaines pièces sont identifiés comme la suspension qui provient de la Renault 21, l’électronique de la Renault 25, la base serait en revanche une création originale en ayant pris la R25 comme modèle. Mais le débat est ouvert…
La Premier est présentée lors du North American Auto Show de Detroit qui se tient en 1987, sa commercialisation intervient à partir de Février 1987. La voiture est alors disponible dans deux versions, la LX et la ES. La ES s’équipe du PRV de 3 litres avec une boite de vitesses automatique ZF et chapeaute la gamme, quand la LX est commercialisée avec un moteur quatre cylindres AMC de 2,5 litres de cylindrée accolé là encore à une boite automatique, mais le PRV y est disponible en option. Quant à l’habitacle, il présentait dès la version LX un équipement riche avec ordinateur de bord !
Une troisième version DL était dans les cartons, elle devait être une LX avec une boite manuelle à cinq rapports. Mais cette dernière n’apparaitra jamais, car en Mars 1988, Renault vend sa participation dans AMC… De même, le projet Premier devait déboucher sur une version deux portes en 1989 et un break pour l’année 1990.
Cependant, ces plans sont contrecarrés par la situation de Renault en Europe, le constructeur est dans une position financière délicate en ayant accumulé un passif gigantesque. Et l’assassinat du PDG de Renault en Novembre 1986 change la donne à la direction de Renault qui voit l’arrivé de Raymond Lévy, moins favorable à l’aventure américaine de Renault. C’est ainsi qu’AMC est revendu à Chrysler en mars 1987. Le modèle Premier fut maintenu quelques mois sous la marque Renault, avant de continuer sa carrière sous la marque Eagle.
Si Chrysler continue la production de la Premier (et aussi de la Medallion), c’est d’une part car il s’agissait de modèles récents qu’il fallait amortir, mais aussi parce qu’un contrat de fourniture de moteurs existait entre AMC et Renault, lequel portait sur 260.000 unités jusqu’en 1992 et n’avait pas été dénoncé lors du rachat d’AMC par Chrysler. Au final, seules 200 Renault Premier ont été produite, puis plus de 100.000 Eagle Premier par la suite.
Mes remerciements à Vlad AMC pour ses précieuses connaissances sur la Renault Premier.
Après la reprise par Chrysler elle fut également produite sous le nom de Dodge Monaco. Mais surtout elle apporta l’immense expertise technique de Renault qui faisait défaut à Chrysler. On retrouvera beaucoup des solutions techniques de la Premier sur la Vision qui signera le renouveau de Chrysler jusqu’au malheureux crash avec Damler.
Je suis probablement le seul Europeèn qui a une Renault/Eagle Premier, une ES de 1989 que j’ai rébadgé comme Renault Premier. Quand j’avais acheté en 2004 j’ai parlé avec un ancien de Renault qui avait travaillé au project à Billancourt dans les années 80. Il m’a convaincu que la base de la Premier est imperativement la R21. Le moteur PRV vient de la R25 même si c’est un 3 litre. C »est peut-être un peu difficile à comprendre que la Renault Medaillon est la R21 et que son frère plus grand a aussi la même base. La R21 existe avec 4 empattemenst differentes, la Premier est la 5ième!
Sans-doute quelqu’un de Rueil mais pas à Billancourt.
Certes, la 25 est bien mais je trouve aussi la Premier très réussie. à comparer à l’impersonnelle ford taurus; aux chevrolet celebrity et autres chrysler aux styles plus américains mais aussi plus daté.
La premier semble être une sorte de troisième voie entre japonaises et américaines.
Force est de reconnaître que la belle et fluide RENAULT 25 s’est ici muée en une bien fade voiture. Probablement les goûts et les couleurs sont des critères radicalement différents des deux côtés de l’Atlantique…
Preuve que non, je suis en France et je préfère largement la « bien fade voiture » comme vous l’appelez.
Moi aussi. Une voiture sans coffre est une voiture inachevee et mal equilibree.
Je dirais entre la France et le reste du monde, ce qui explique que nos voitures s’exportent mal.(j’ai beaucoup voyagé à travers le monde)
Les gouts des francais pour le voitures sans coffre reste une enigme dans le reste du monde.