Citroën TAMH (1940)

               A peine la France entrée dans la Seconde Guerre Mondiale, Citroën étudie une conversion sanitaire de son nouvel utilitaire, le TUB. S’il ne fait pas partie du programme initial de l’armée française, le Citroën TAMH a su faire valoir ses atouts… 

                Septembre 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne, l’armée française fait le tour des constructeurs automobiles pour mettre en place une production de guerre. Chez Citroën, l’armée commande des camions Type 23 et 45, en revanche, le tout nouveau TUB commercialisé depuis juin 1939 n’est pas retenu. Pourtant, l’armée française est à la recherche d’un petit utilitaire pour en faire des véhicules sanitaires, mais semble faire confiance à Chenard & Walcker qui développe un utilitaire léger à carrosserie monocorps : le T60.

La base : le Citroën TUB

             Dévoilé en juin 1939, le Citroën TUB est un utilitaire révolutionnaire sur de nombreux points : il s’agit d’un utilitaire à traction, avec une cabine avancée, disposant d’un plancher plat et bas et d’une porte latérale coulissante. L’ensemble de ces éléments réunis sur un utilitaire lui permettait de disposer d’atouts indéniables face à la concurrence. Malheureusement, le contexte historique mit un terme précipité au TUB, devenu TUC entre-temps… On retrouvera l’esprit du TUB sur le Type H sorti immédiatement après la guerre… [En savoir plus…]

            Pour Citroën, le TUB pourrait faire l’affaire d’autant que le constructeur au double chevrons dispose d’un outil industriel au potentiel bien plus élevé que celui de Chenard & Walcker, l’un des plus petits constructeurs d’alors. De son propre chef, Citroën transforme des TUB en véhicule sanitaire et les propose à l’armée française dès la fin juin pour évaluation. Citroën double ainsi Chenard & Walcker dont la mise au point du T60 prend davantage de temps. L’armée évalue le TUB avec plusieurs mécaniques, le 7Cv d’origine n’est pas retenu car son utilisation est trop proche du régime moteur maximal; Citroën monta alors le quatre cylindres de 11Cv de la Traction mais celui-ci permet des vitesses trop élevées pour les besoins de l’armée. Finalement, il est décidé que le TUB destiné à l’armée serait équipé du moteur 11Cv mais au régime moteur limité à 3.100tr/min.

             Grâce à l’optimisation de son volume intérieur, le TUB sanitaire peut transporter six blessés en position couchée ou neuf blessés en position assise, une capacité que n’offrait alors que des véhicules au tonnage plus lourd. Sur ce point, Citroën marque d’importants points. Fin novembre 1939, l’armée convoque les constructeurs français pour évoquer l’orientation des chaînes de montage, Citroën y propose officiellement son TUB médicalisé, à cette époque, le Chenard & Walcker T60 n’a pas encore été testé. Le temps étant compté en période de guerre, l’armée passe commande pour 2.000 TUB médicalisés courant décembre 1939.

Le rival : Chenard & Walcker T60

  A la fin des années 1930, Chenard & Walcker développe un petit utilitaire destiné à équiper l’armée française. S’il échoue à être sélectionné par la Grande Muette, cet utilitaire rudimentaire a eu une courte carrière civile… [En savoir plus…]

                  Le Citroën TAMH nait alors, il est construit sur une base de TUB mais reçoit les équipements communs à tous véhicules militaires : quatre anneaux « queue de cochon » (deux à l’avant et deux à l’arrière) ainsi qu’une barre de protection placée devant le radiateur. La principale modification du TAMH par rapport au TUB se situe sur la caisse, si la version civile adoptait des bâches latérales, la version militaire est complètement tôlée avec une fenêtre latérale équipée de quatre barreaux. A l’arrière, le TAMH s’équipe d’une porte à double battants. Notons également deux porte-fanions placés sur la gouttière de toit, juste derrière les portes, une pioche ainsi qu’une pelle placées respectivement sur les faces gauche et droite, ainsi qu’un aérateur placé sur le toit.

             Citroën débute la production du TAMH à partir du moins de février 1940, les livraisons débutent alors. La production débute timidement avec 87 exemplaires en février, l’objectif de Citroën est de monter progressivement la cadence pour atteindre courant 1941 une production de 200 TAMH militaire par mois. Les premiers TAMH livrés, l’armée française passe également de nouvelles commandes auprès de Citroën en mars et mai 1940. Aussi, le 15 mai, l’armée demande à Citroën une livraison spéciale et sans délai, de 25 TAMH dont les fenêtres latérales de la caisse seraient obturées et l’intérieur vidé, les suspensions renforcées, afin d’en faire des voitures radiologiques.

         Malheureusement, l’avancée rapide de l’armée allemande en terres françaises prend tout le monde de court. Citroën organise à la hâte, courant juin 1940, à l’évacuation de son usine, personnel et matériel, à destination de Niort. La production ne reprendra pas. Entre février et juin 1940, il a été livré à l’armée française 713 Citroën TAMH, dont bon nombre d’exemplaires survivant à l’armistice de 1940 iront gonfler les rangs de l’armée allemande dans laquelle il connaitra une autre vie…

Sources : 
- L'automobile sous l'uniforme, 1939-1940,François VAUVILLIER et Jean-Michel TOURAINE, éditions Massin. P.138.
- Charge Utile n°12, Antoine DEMETZ, p.44 et suivantes. 

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