Au tout début du XXème siècle, l’industrie automobile est en train de naître, la France est alors pionnière dans cette activité en étant en tête de la production automobile mondiale. Mais les Etats-Unis entrent dans la danse et s’immiscent rapidement en haut du podium de la production mondiale, aidés par la création de nombreux constructeurs dont certains s’illustrent avec des automobiles atypiques, c’est le cas d’American Underslung, entreprise fondée en 1906 qui laissa un souvenir dans le domaine de l’automobile sportive américaine…
La marque American Underslung naît de la rencontre de deux ingénieurs, Harry Stutz et Fred Tone, lesquels fondent en 1906 la société « American Motor Car Company » basée à Indianapolis, dont les automobiles portent la marque « The American ». A cette époque, même si Henry Ford était en train de réfléchir au Fordisme, l’automobile n’est pas encore un bien de grande consommation, les fondateurs de l’American Motor Car Company s’immiscent sur le marché du luxe avec des voitures somme toute banales dans leur conception.
La qualité des réalisations d’American Motor Car Company permet à l’entreprise de se faire un nom sur un marché automobile dont l’offre est pléthorique et sur lequel les constructeurs se compte par centaines. Ce succès dans le domaine du luxe pousse les fondateurs de ce constructeur à s’intéresser aux performances de leurs automobiles, mais au lieu de travailler sur le moteur comme tant de concurrents, la firme d’Indianapolis se penche davantage au châssis avec l’objectif d’améliorer la maniabilité.
Plusieurs idées germent alors dans la tête de de Stutz et Tone, abaisser la hauteur du châssis permettrait de rendre la voiture plus maniable en virage, ajouter des roues plus large également. Pour arriver à cette fin, les deux entrepreneurs réalisent un châssis dont les essieux passent désormais sous le cadre, alors que la norme de l’époque était de les poser sur le châssis. C’est ainsi que naît le « Underslung Roadster », commercialisé en 1907, dont le nom peut se traduire par « Roadster surbaissé ». Ce châssis marque aussi le départ de campagnes de publicité associant la marque de ce constructeur, « The American », au terme « Underslung », devenant petit à petit indissociables l’un de l’autre.
A cette époque, l’entreprise vante l’aspect sécuritaire de ce châssis, certaines publicités annoncent que la voiture peut rouler sur un plan incliné à 55° sans se retourner. Mais cela n’empêche pas au Underslung Roadster d’être considérée comme une sportive en son temps, grâce à son moteur quatre cylindres Tector-Hartley de 6,4 litres pour une puissance de 40Ch. Si cette puissance peut encore apparaître faible pour une voiture sportive, American Underslung y remédie en 1908 en proposant un moteur de 7,8 litres pour 50Cv.
Pour promouvoir sa marque, les American Underslung sont engagées en compétition, parfois pilotées par leur concepteur, Fred Tone, mais les voitures ne brillent pas. Pire, lors de la Savannah Challenge Cup 1908, l’American Underslung se classe dernière à cause de sa faible puissance. A cette époque, seules les solutions techniques originale de la marque font la publicité de ses automobiles et lui assurent quelques ventes.
En 1909, American Underslung offre une nouvelle variante carrosserie à son roadster, le Speedster. Dans le même temps, l’ensemble de la gamme de l’American Motors Car Company se met au châssis surbaissé, apparaissent ainsi une berline surbaissée nommée « Traveller » et capable de transporter quatre personnes. Cette dernière se décline en plusieurs variantes de carrosserie, aussi bien ouvertes que fermées. Puis en 1910, le moteur est une nouvelle fois amélioré, la lubrification se fait désormais sous pression et la puissance passe à 60Ch.
Hélas, en 1911, les ventes ne suffisent plus à assurer la pérennité de l’entreprise et mettent les finances dans le route. Cette petite crise à l’American Motor Car Company est amplifiée par le départ du cofondateur Harry Stutz qui préfère lancer sa propre marque. La société se réorganise, la dénomination change pour devenir « American Motor Company », puis en 1912, la marque commerciale officielle devient « American Underslung », une dénomination déjà très largement utilisée auparavant dans les publicités du constructeur. La berline Traveler devient plus attractive avec un moteur six cylindres; et un petit modèle, la Scout, apparaît pour viser une clientèle plus large.
Cependant, la réforme de cette société ne porte pas ses fruits, les ventes restent faibles. La société qui avait été contrainte à abandonner son usine et de déménager sa production en trois lieux distincts, voit ses coûts de production augmenter. A l’heure ou l’industrie américaine se convertie à la production de masse avec la chaîne de montage pour offrir des prix toujours plus compétitifs, American Underslung prend le chemin inverse. La faillite est dès lors inéluctable, une énième tentative de proposer les modèles 1914 dès avril 1913 n’y changera rien : la faillite intervient en novembre 1913.