Elle n’est pas la première Seat à être produite, ni même le premier véhicule développé par le constructeur espagnol. Pour autant, l’Ibiza lancée en 1984 fait date dans son histoire et marque une véritable rupture…
Les années 1980 s’avèrent difficiles pour Seat, lorsque cette décennie débute, le partenariat avec Fiat arrive à son terme et son renouvellement est compromis : les italiens ne souhaitent pas monter au capital de Seat sauf à obtenir d’importants avantages par le gouvernement espagnol. Aussi, sur son marché, Seat voit ses parts de marché fondre notamment face à Renault (lire aussi : l’histoire de Fasa-Renault) et l’intégration future de l’Espagne à la Communauté Economique Européenne amènera une concurrence plus rude, bien que Seat pourra dès lors vendre dans l’ensemble des pays membres.
Finalement, le divorce est acté entre Fiat et Seat courant 1981, le constructeur espagnol n’est alors qu’un assembleur disposant d’un outillage permettant la production de modèles Fiat mais ne dispose pas d’un véritable bureau d’études capable de mener à bien la conception d’une nouvelle automobile. Tout au mieux, Seat survit avec ses modèles Fiat corrigés, même si Fiat intenta un procès en contrefaçon contre Seat sur la Ronda, perdu par le constructeur italien. Il faut dire que la Ronda assurait à Seat des volumes de ventes intéressant, tout comme la Marbella, mais les premières années d’indépendance de Seat se soldent par des pertes financières, que même le partenariat avec Volkswagen pour l’assemblage des Polo, Santana et Passat en Espagne ne résorbent pas. Et Seat d’envisager d’autres alliances avec les japonnais Mitsubishi et Nissan, sans lendemain.
Pour survivre, Seat doit lancer un nouveau modèle qui permettra à la marque d’avoir sa propre identité. Pour mener à bien une telle entreprise, Seat conclut divers partenariats avec des entreprises extérieures : pour le style extérieur, Seat approche divers cabinets de design pour retenir la proposition de l’italien Italdesign. L’entreprise de Giugiaro recycle un projet retoqué par Volkswagen pour une Golf II. Pour l’ensemble moteur-boite, c’est Porsche qui fut choisi pour modifier les culasses d’origine Fiat et fiabiliser l’ensemble. Enfin, l’intérieur et l’industrialisation sont confiés à l’allemand Karmann.
Cela permet à Seat de disposer d’une voiture d’apparence nouvelle en un temps record, puisque l’Ibiza est dévoilée au public au cours de l’année 1984, lors du salon de Paris courant octobre. Dès le 27 avril 1984, l’usine de Barcelone produit la première Ibiza, la production est lancée pour fournir le réseau de distribution Seat, et la demande est rapidement présente une fois la commercialisation lancée, aidée par un prix compétitif, mais également par une habitabilité remarquable qui n’a rien à envier à une Peugeot 205 – bien que l’Ibiza fut proposée initialement en version trois portes et avec une banquette arrière repliable d’un seul tenant).
Côté moteurs, l’Ibiza propose trois motorisations lors de son lancement, deux quatre cylindres en ligne essence de 1,2 litre pour 63Ch, et un 1,5 litre de 85Ch, et une offre Diesel avec un quatre cylindre de 1,7 litres de 55Ch. La boite à cinq rapports est proposée de série, bien que la cinquième soit une vitesse surmultipliée permettant de diminuer la consommation à vitesse stabilisée. Dans sa version de base, les 63Ch ne sont pas à la peine pour mouvoir les 900kg de la voiture, l’Ibiza évite l’écueil des citadines sous motorisées.
En revanche, la tenue de route de l’Ibiza est plus aléatoire, le train avant souffre d’une direction lourde et le train arrière, suspendu par un ressort à lames transversal, s’avère instable sur les routes chaotiques. Le confort est dans la moyenne basse du segment, avec des fauteuils à l’allemande, un peu trop fermes. La planche planche de bord est souvent qualifiée d’austère, l’ergonomie du poste de conduite perfectible, les plastiques à la qualité douteuse à long terme et une insonorisation amendable sont les points faibles de l’Ibiza. Cela n’empêche pas l’Ibiza d’engranger de nombreuses commandes.
En 1987, un an après la prise de contrôle de Seat par le groupe Volkswagen, l’Ibiza connait un léger restylage, la gamme est enrichit avec l’arrivée d’une motorisation 0,9 litres de 44Ch qui donne naissance à l’Ibiza Junior, et d’un 1,7 litres de 110Ch qui chercher à gommer la perte de puissance issue de l’adoption du catalyseur. L’année suivante, l’Ibiza SXi cherche à jouer dans la cour des GTi avec son moteur 1,5 litres à injection Porsche.
En 1991, sur un segment hyper concurrentiel et face à l’arrivée de rivales restylées voire renouvellées, l’Ibiza se paie un important restylage qui doit lui permettre de tenir avant l’arrivée de la nouvelle Ibiza courant 1993. Seat profite de ce relooking pour lancer une nouvelle motorisation, un 1,7 litre essence de 105Ch. Commercialisée jusqu’en 1993, l’Ibiza première du nom fut un important succès pour le constructeur espagnol puisque c’est 1 281 388 unités qui ont été écoulées.