Le marché automobile japonais connait une catégorie de voitures peu connue en Europe, les Keijidosha, des voitures aux dimensions réduites qui bénéficient de nombreuses aides, notamment fiscales, en faisant des véhicules populaires. Rarement exportées en dehors de l’archipel, la Suzuki Cervo ou SC100 tenta une aventure commerciale en Europe…
L’histoire de Suzuki dans l’automobile est très liée à cette catégorie des Keijidosha, puisque l’entreprise japonaise, initialement spécialisée dans les machines à coudre et métiers à tisser, se lance dans le monde du deux roues dans l’immédiat de l’après seconde guerre mondiale, puis dans l’automobile en 1954 avec la Suzulight, une petite voiture inspirée de l’anglaise Lloyd 400. En 1962, une évolution de la Suzulight prend le nom de Suzulight Fronte, celle-ci est remplacée par la Fronte 360 (code LC10) en 1967, elle-même fortement restylée en 1970 pour devenir Suzuki Fronte 71 (code LC10 II), avec un design propre à elle. La version coupé, dévoilée en 1971, fut dessinée par Giugiaro.
En 1976, la législation nippone concernant les Keijidosha change et permet aux constructeurs de proposer des moteurs plus grands, plus puissants et à quatre temps. Si les constructeurs ont désormais plus de possibilités, ils sont en revanche limités par les émissions polluantes, le coupé Fronte est ainsi arrêté en juin 1976 faute de pouvoir évoluer conformément à la règlementation. Cette même année, Suzuki dévoile la nouvelle Fronte, la 7S (code SS10). Puis, en octobre 1977, la Suzuki Cervo est à son tour présenté, celle-ci est destinée à remplacer le coupé Fronte arrêté un an plus tôt, et réalisée sur le châssis de la Fronte SS10.
Concernant la carrosserie, la Cervo présente une ligne très proche de la Fronte Coupé mais avec des pare-chocs plus grands et un renflement sur la face avant au niveau de la calandre, qui avance de quelques centimètres. La voiture reçoit également des optiques rondes. Pour le reste, la Cervo est identique à la Fronte Coupé, quelques rares éléments permettent de présenter une ligne légèrement modernisée pour affronter le marché quelques années de plus. Sur le plan des finitions, la Cervo CX-L fait office d’entrée de gamme avec ses enjoliveurs et pare-chocs noirs, la CX-G est le haut-de-gamme avec des éléments chromés, et des freins à disque avant.
Pour la mécanique, la Cervo s’équipe d’un moteur trois cylindres à deux temps de 539cm3, le Type T5A, affichant une puissance de 27Ch, lequel se situe à l’arrière de la voiture. Par rapport à la Suzuki Fronte Coupé, c’était 10Ch de moins, la Cervo cible d’ailleurs une autre clientèle que la Fronte Coupé en visant davantage la gente féminine. Pour maintenir des performances acceptables, et malgré 80kg de plus, la boite de vitesse de la Cervo est étagée de sorte à permettre à la voiture d’atteindre les 120km/h.
Si les Keijidosha sont principalement commercialisées au Japon, Suzuki va tenter d’exporter la Cervo à partir d’avril 1978 où la voiture est disponible au Royaume-Uni et surnommée SC100. La voiture troque son trois cylindres contre un quatre cylindres de 970cm3 de 47Ch, le F10A, plus apte à plaire au public anglais, il permet en outre une pointe à 143km/h. La voiture est également commercialisée à Hong Kong, en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zelande, des pays permettant de vendre des voitures à volant à droite. Mais plus étonnant, la CX100 fut également transformée en voiture à volant à gauche pour deux marchés : les Pays-Bas et le Chili.
La Suzuki Cervo SS20, SC100 sur les marchés extérieurs, stoppe sa carrière en 1982 pour laisser place à une nouvelle génération avec le moteur à l’avant. Concernant les chiffres de vente, ils sont rarement connus, 4.696 exemplaires ont été écoulés au Royaume-Uni, 3400 exemplaires aux Pays-Bas, et 1.299 unités sur les autres marchés extérieurs.