Avec l’occupation allemande et le rationnement de l’essence, la voiture électrique revient sur le devant de la scène. Le constructeur SOVEL, déjà bien connu pour ses camions électriques, proposa un petit utilitaire dérivé du Chenard & Walcker CHE : le VR.
Fondé en 1925, le constructeur SOVEL s’est rapidement installé dans le paysage automobile français en devenant le plus important constructeur de véhicules automobiles. Initialement, Sovel produisait des véhicules à destination des dédiés au ramassage des ordures ménagères ou d’entretien des voiries. A la fin des années 1930, Sovel commence à produire des véhicules de livraison, c’est l’arrivée de la Seconde Guerre Mondiale, l’occupation allemande de la France et le rationnement de l’essence qui donnent un nouvel élan à cette entreprise. Avec l’occupation, l’essence est dirigé en priorité vers l’armée allemande, ne laissant que quelques litres aux civils, il faut alors des « bons d’essence » qui sont distribués à de rares privilégiés. Pour les autres, il faut se tourner vers d’autres solutions, notamment le gazogène ou la traction électrique.
A cette époque, les constructeurs automobiles pouvant encore produire des véhicules automobiles ne peuvent plus (ou difficilement) les commercialiser avec un moteur essence, certains, comme Renault ou Peugeot, se tournent vers le gazogène. Mais des accords d’un autre type apparaissent, les producteurs de véhicules électriques se fournissent en caisses auprès des constructeurs pour les équiper de batteries et moteurs électriques. Chenard & Walcker, dont le principal actionnaire était alors le carrossier Chausson, avait développé juste avant la Seconde Guerre Mondiale, un petit utilitaire destiné à l’armée, le T60, dont une déclinaison civile apparait un temps avant l’occupation. Sans grandes débouchés, Chausson fournit des caisses à Sovel qui l’adapte en véhicule électrique, ainsi naît le Sovel VR.
Le Sovel VR affiche une charge utile de 1.000kg (alors que le Chenard CHE dont il dérive proposait 1.500kg, la différence s’expliquant par le poids des batteries composées de 24 éléments 396AH), la caisse du Chenard & Walcker présente l’avantage d’être monocoque, qui constitue à la fois le châssis et la carrosserie, permettant une réduction du poids mort et donc d’augmenter les performances d’un véhicule électrique. Le moteur transmet le mouvement aux roues avants par l’intermédiaire d’un réducteur, d’un différentiel et de deux joints homocinétiques. Le Sovel VR affiche des performances réduites : il ne roule qu’à 25km/h en vitesse d’exploitation et son automobile est limitée entre 70km et 80km. Cela parait peu, et pourtant, en ces heures sombres, ces performances peuvent tenir la dragée haute au gazogène.
Disponible en version fourgon tôlée ou en plateau sans passage de roues, le Sovel VR est disponible de 1941 jusqu’en 1942, cette année là, le gouvernement de Vichy interdit la fabrication d’automobile à partir de juillet 1942, y compris les électriques. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Chenard & Walcker reprend la construction de son petit utilitaire CHE, devenu CHT, Sovel en déclina quelques versions électriques jusqu’en 1947. Le nombre total de Sovel VR produit ne m’est pas connu, il est estimé à quelques centaines d’unités, dont il existe un survivant de nos jours.
Sources : - Technica, numéro spécial novembre 1941 : "la foire de Lyon", p26. - L'auto, 23 décembre 1941, article par Charles FAROUX.