Dans le monde de l’automobile, il est parfois des collaborations inattendues dont certaines ont marqué l’histoire, à l’inverse, d’autres collaborations qui auraient pu paraître naturelles ont sombrés dans l’échec. Prenons le cas de la collaboration Simca-Abarth, le constructeur français ayant été fondé par Fiat en 1935, lequel Fiat était un important collaborateur d’Abarth, le marché français aurait pu voir des Simca sportives griffées Abarth. Il fallait juste un grain de sable, nommé Chrysler, pour mettre à mal ce projet…
Une collaboration entre Simca et Abarth, voilà une aventure qui semblait toute naturelle, d’ailleurs, un embryon d’aventure commune a bien vu le jour autour de la Simca 1000. En effet, cette voiture populaire fut développée à partir d’un projet abandonné par Fiat, la Simca 1000 héritant ainsi de l’architecture typique des Fiat d’alors : propulsion à moteur arrière. Avant de commercialiser cette dernière, le patron de Simca, Henri Théodore Pigozzi, aimerait que cette nouvelle voiture soit déclinée en version sportive pour donner de l’attrait à l’ensemble de la gamme à venir. Et logiquement, Abarth est contacté au cours de l’année 1960, sans doute conseillé par la maison-mère Fiat.
Au tout début de l’année 1961, les tractations débouchent sur un accord entre Abarth et Simca par lequel le préparateur italien doit concevoir une voiture sportive sur la base de la Simca 1000 de série, et un coupé reposant sur la même plateforme mais adoptant un moteur Abarth. Pour cet article, nous nous intéresseront exclusivement au premier volet, celui de la berline sportive, pour laquelle Abarth reçoit l’autorisation d’augmenter la cylindrée du moteur.
Pour satisfaire à la demande du constructeur français, Abarth développe quatre prototypes de la Simca 1000 Abarth présentant chacun un degré de préparation différent. : la Simca-Abarth 1150 ouvre la gamme avec ses 55Cv, suivie de la 1150 S et ses 58Cv, puis de la 1150SS de 65Cv, et enfin, la 1150 Tipo Corsa et ses 85Cv ferme la gamme. Ces quatre versions se déclinent autour du quatre cylindres Simca porté à 1.137cm3 dont la préparation est plus ou moins importante, tandis que le reste de la voiture ne change pas : boite à quatre rapports, quatre freins à disques, 720kg…
A l’extérieur, les Simca-Abarth se font plutôt discrètes, seules des jantes et enjoliveurs Abarth, ainsi que le monogramme du préparateur italien sur la calandre permet de la différencier d’une Simca 1000 lambda. Les trois autres versions arborent quant à elle une face avant modifiée pour améliorer le refroidissement du moteur : une grille d’aération prend place pour alimenter en air un radiateur situé juste derrière.
Si les modèles semblent prometteurs et sont présentés à la direction de Simca, celle-ci se fait silencieuse quant à l’avenir commercial du modèle. Dans le même temps, les coupés Abarth-Simca 1300GT sont homologués en compétition dès 1962 et présentés officiellement cette même année lors du salon de Genève 1962, mais la berline tarde à venir. C’est seulement lors du salon de Turin 1963 que les quatre versions dépeintes ci-dessus sont officiellement présentées, mais sur le stand Abarth.
Entre temps, Simca aurait donné une fin de non recevoir à Abarth sur la distribution des Simca-Abarth dans son propre réseau, Simca passé aux mains des américains de Chrysler en décembre 1962 aurait avancé des doutes sur la fiabilité des Simca 1000 préparées par Abarth. Ceci explique la présentation sur le stand Abarth, la commercialisation de la voiture débuta dans la goulée en Italie et en Allemagne, là encore uniquement dans le réseau Abarth. Et quand le préparateur demande à Simca l’autorisation de distribuer le modèle en France en 1964, Abarth reçoit un refus venant de Chrysler.
Faute de débouchés et après la production de quelques unités principalement engagées en compétition, la production des Simca Abarth 1150 cesse au début de l’année 1965. Voilà comment Simca a loupé le coche d’une collaboration qui aurait pu donner naissance à une rivale potentielle de la Renault 8 Gordini, présentée courant 1964, qui se trouva ainsi sans véritable concurrente. L’arrivée de la Simca 1000 Rallye en 1970, solution maison, fit oublier ce modèle tué dans l’œuf.