Dans l’Italie des années 1960, le groupe Fiat règne en maitre sur son marché national et notamment sur le segment des petites voitures, avec sa Fiat 500. Il faut dire que le géant italien avait su se protéger de la concurrence, notamment en usant de chantage pour ne pas voir apparaitre de rivales. C’était le cas de la Siata Mitzi qui donna naissance à la Vespa 400, dont la carrière reste cantonnée à la France. On peut aussi citer le changement de fiscalité en défaveur d’une certaine Alfa Romeo Dauphine… Pour autant, dans le village de Varzi, en Lombardie, l’industriel Carlo Lavezzari qui avait construit sa fortune avec une entreprise de métallurgie qui sous-traitait pour l’industrie automobile, souhaite entrer sur le marché automobile.
Carlo Lavezzari imagine une voiturette aux dimensions réduites et équipée d’un moteur Lambretta de 125cm3. La conception de la voiture est basique, elle se base sur un châssis tubulaire en acier, sur lequel se greffe le moteur à l’avant qui transmet le mouvement aux roues arrière. Pour autant, la voiturette de Lavezzari n’est pas sans certains raffinements mécaniques : elle adopte une direction à crémaillère, une boite à quatre rapports, ou encore la suspension avant à roues indépendantes issue de la Fiat 500. Une fois le prototype assemblé, Lavazzeri pense à la suite. Commercialiser la voiture en Italie serait se mettre à dos Fiat, alors c’est au salon de Paris 1966 qu’il dévoile sa voiture. La France, terre d’accueil de la Vespa 400, pourrait être un tremplin pour sa voiture.
Lavezzari a vu juste, sa voiturette tape dans l’œil d’Henri Willame, le président de Lambretta France, qui y voit une possible diversification d’activité pour son réseau de distribution. En outre, le marché du scooter diminuait en France et le segment des microcars était quasiment sans concurrence. Les discussions débouchent sur un contrat signé en 1967, la voiture sera commercialisée en France sous la marque Willam, mais produite en Italie. Là-bas, Willame et Lavezzari s’associent pour fonder l’entreprise « Lawil Costruzioni Meccaniche e Automobilistiche S.p.a. », la production est sous traitée dans une usine à Peschiera del Garda, dans la province de Brescia, appartenant à Scattolini. La production débute la même année.
Le carnet de commandes de la Willam s’allonge rapidement, ce qui pousse Lawil à envisager une commercialisation en Italie. Pour suivre la cadence des commandes françaises et celles projetées sur le marché italien, Lawil déménage son usine à Varzi, ville du siège social de Lawil. En juin 1971, la Varzina est lancée sur le marché italien, la voiture diffère de la Willam française par son moteur, elle adopte un bicylindre de 246cm3 produit par BCB qui développe la puissance de 12Ch pour une vitesse maximale de 70km/h. La voiture s’équipe également de roues en dix pouces, contre huit sur les Willam. Il faut dire qu’en Italie, la législation est moins favorable aux microcars, seules les voitures à trois roues peuvent prétendre à ce statut. A partir de quatre roues, il faut le permis de conduire. Par conséquent, il fallait des arguments pour attirer une clientèle.
Face à la Varzina, la Fiat 500 est une concurrente redoutable, pour un prix légèrement supérieur, le client italien dispose d’une voiture plus suggestive, quatre places, un moteur dont la cylindrée fait le double et une vitesse maximale de 95km/h. Dès lors, la Varzina et ses déclinaisons Fourgonnette et City restent à la marge, le modèle vivote jusqu’en 1980 où un restylage est opéré. Désormais, une large calandre en plastique noir et des clignotants de Fiat 900T modifient la face avant. Mais rien n’y fait en Italie, si bien que le modèle est arrêté en septembre 1985. Les Willam survivront quelques années de plus en France…
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