En Espagne, s’il n’y a pas de pionniers de l’automobile comme on peut en connaitre en France, au Royaume-Uni…, quelques hommes d’affaires ont tenté très tôt leur chance dans la construction automobile. C’est le cas d’Abadal, fondée en 1912…
Francisco Abadal est un entrepreneur catalan qui s’intéressât à l’automobile au début du XXème siècle, ancien coureur cycliste, tantôt pilote, tantôt membre du conseil d’administration d’Hispano-Suiza, il obtient de cette dernière une concession à Barcelone et on dit de lui qu’il présentât une Hispano Suiza au roi Alfonse XIII. Francisco Abadal s’intéresse à la construction automobile pour produire et commercialiser une voiture qui porterait son nom. Mais sans ayant la possibilité d’investir pour une telle aventure, il se met en quête d’un partenaire, sans doute a-t-il usé de ses relations pour obtenir un partenariat avec Hispano-Suiza qui l’évince sur le champ.
Francisco Abadal offre alors ses services au belge Imperia qui voit l’opportunité de saisir un nouveau marché à l’exportation, avec l’idée de produire une voiture de grand luxe capable de rivaliser avec les Hispano-Suiza. Courant 1912, Imperia installe une unité de production dans les ateliers d’Abadal de Barcelone, fournit à l’espagnol moteurs et châssis,. Les premières voitures Abadal sont assemblée en 1913, avant une présentation officielle de la marque au salon de Paris d’octobre 1913. Le catalogue d’Abadal propose la Type 45, une voiture de luxe s’inspirant des Hispano-Suiza, équipée d’un quatre cylindres en ligne de 3.619cm3. Ce modèle est rapidement suivi du Type 15/30 avec un moteur réduit à 3.016cm3.
Présentées en grandes pompes, les premières voitures Abadal réalisées à la hâte souffrent de problèmes de finitions qui ne sont pas pardonnés par la clientèle cible de la marque, les problèmes sont tels qu’Imperia décida de rapatrier l’unité de production en Belgique quelques mois après le lancement d’Abadal. Désormais commercialisées sous la marque Imperia-Abadal, la marque doit se racheter auprès de la clientèle, et si les ventes suivent, elles demeurent toujours en dessous de celles d’Hispano-Suiza. Puis la première guerre mondiale arrêta la production des Abadal en Belgique en 1914, on estime à environ 90 le nombre de voitures portant le logo Abadal ou Imperia-Abadal produites avant la Grande Guerre.
La carrière des Imperia-Abadal reprend en 1919, mais ces voitures souffrent de la concurrence des grandes marques dont la réputation n’est plus à faire. En 1922, après environ 190 unités produites depuis la reprise de la ligne d’assemblage, Imperia décide de jeter l’éponge pour se concentrer sur des voitures plus populaires. Francesco Abadal ne se résigne pas et s’allie avec l’américain Buick, dont les ventes en Europe augmentaient. et qui cherchait des partenaires européens pour se renforcer. Représentant exclusif de General Motors en Espagne, Abadal bénéficie de la banque d’organes du constructeur américain avec laquelle il assemble une voiture commercialisée sous la marque « Abadal-Buick ».
En 1929, le krach boursier et la crise économique qui s’en suit fait se replier Buick sur son marché national, et après environ 500 Abadal-Buick écoulées, Abadal se retrouve à nouveau seul. Tentant de poursuivre son activité en reprenant à son compte une étude de berline à moteur six cylindres développée par Hupmobile pour le marché européen, seule une poignée d’exemplaires furent effectivement assemblées mais ne trouvant pas leur clientèle, Abadal est contraint de stopper son activité automobile.