Innover a toujours été la raison de Citroën, de la caisse tout acier dans les années 1920 à la suspension hydropneumatique dans les années 1950, sans oublier la démocratisation de la traction dans les années 1930. Dans les années 1960, Citroën s’essaye avec NSU à la motorisation Wankel, et pour la tester, Citroën décide de commercialiser un prototype à destination de la clientèle : la M35.
Citroën a donc toujours été une marque à la pointe de la technologie. Dans les années 1960, l’allemand NSU s’intéresse à la technologie Wankel et lance en 1964 la NSU Spider, première voiture commercialisée avec un moteur Rotatif; Citroën s’y intéresse de près et forme un bureau d’études conjoint avec NSU à Genève sous le nom Comobil. L’aventure tourne court mais une filiale commune est fondée en 1967, la Comotor avec pour objectif la production en série des moteurs Wankel.
Dès lors, Citroën peut donc envisager la production d’une première voiture avec ce type de mécanique, ce fut la M35. Et le choix est fait d’utiliser l’Ami8 comme base (un modèle qui soit sortir en 1969) mais en lui octroyant une carrosserie coupé spécifique : il fallait bien que le modèle se démarque sous faire connaitre le moteur rotatif ! Le choix de l’Ami8 se fait afin que Citroën présente une voiture réellement innovante sur ce créneau qui avait été occupé par les très simples Ami6 puis Ami8 pour combler le trou entre la 2CV et la DS. Mais dès le départ, il n’est point question d’une voiture de série mais plutôt d’un projet expérimental afin de tester en conditions réelles cette mécanique.
Ainsi, ce programme prévoit la production de 500 exemplaires vendus aux prix fort : 14.120 Francs (soit le prix d’une DSpécial !). A ce prix, le client avait la chance d’être essayeur pour le compte de Citroën, et pour faire passer la pilule du prix, Citroën joue la carte de l’exclusivité. Car n’achète pas qui veut une M35, il faut prouver rouler plus de 30.000km par an, et être déjà un fidèle client Citroën. Et voiture d’essai oblige, le client d’une M35 se voit accueilli en priorité dans le réseau d’entretien Citroën et aux frais du double chevrons à l’exception des consommables (freins, pneumatiques…). Et pendant les réparations, Citroën prêtait une voiture de remplacement.
Quant au moteur de la M35, il s’agit d’un moteur rotatif de 995 cm3 qui développait 49cv. En pratique, celui-ci s’avère faiblard et peine dès qu’une côte fait face à la voiture, quant à la consommation, elle est proche d’une berline de luxe, mais la crise pétrolière n’avait pas frappé et la question était subsidiaire. En revanche, sur le plan du confort et de la tenue de route, Citroën est fidèle à sa réputation sur les liaisons au sol en duppliquant la fameuse suspension hydropneumatique. Aussi, l’habitacle est bien traité avec des fauteuils en cuir et un tableau de bord inspiré de l’Ami8 mais mieux équipé.
Quant au physique de la voiture, celui-ci est discutable. La transformation est effectuée par Heuliez qui obtient par la même l’assemblage des Citroën M35, mais le résultat final est guère convaincant et donne une image d’Ami8 tronquée. Le choix de la teinte n’est pas permis, il s’agit forcément d’un gris métallisé avec sur les ailes avant un stickers portant le numéro de la voiture. Le côté exclusif de la voiture s’en trouve renforcé. Aussi, la voiture reçoit de nombreux éléments spécifiques, dont notamment une calandre avant fortement inspirée de l’Ami8 mais spécifique à la M35.
Au final, quels résultats pour ce projet M35 ? Il fut un véritable échec, Citroën n’a jamais trouvé les 500 acquéreurs pour le modèle et seuls 267 exemplaires ont été officiellement écoulés. Par conséquent, pour cacher cette déroute, Citroën passe quelques numéros à la trappe pour faire croire à une production plus élevée, d’où le fait que certains exemplaires soient numérotés dans les 400. Quant aux modèles en tests, Citroën s’en mord rapidement les doigts : le Wankel est loin d’être fiable et présentent une usure précoce…
Finalement, Citroën n’arrive pas à assurer un service après vente à la hauteur pour le modèle, et Citroën d’envoyer à l’ensemble des propriétaires de M35 une proposition de rachat, très souvent en proposant un échange contre la plus luxueuse des Citroën. Et pour pousser le client à accepter la proposition, Citroën annonce qu’il n’entretiendra plus le service après vente des M35. C’est ainsi qu’une très grande partie du cheptel des M35 reviennent chez Citroën pour y être détruit au pilon. Heureusement, quelques dizaines d’exemplaires ont échappé à cette mort certaine !