Opel Omega Lotus (1990-1994)

           Opel a toujours été une marque plus populaire que ses consœurs germaniques, volontairement généraliste, la filiale allemande (et Européenne) de General Motors était néanmoins présente sur le marché de la berline routière avec l’Omega. Sage berline à la ligne moderne, Opel la confie à Lotus pour en sortir une version radicale : l’Opel Omega Lotus… 

            Présentée en 1986, l’Opel Omega était une berline routière qui prend la succession de la Rekord, elle innove avec une carrosserie privilégiant l’aérodynamisme avec des surfaces planes et lisses, préfigurant le biodesign des années 1990, tout en conservant un lien de famille avec la berline précédente. Le résultat donne un Cx de 0.28 pour la berline, 0.32 pour la version Caravan. En outre, Opel dote l’Omega d’un riche équipement, la voiture bénéficie d’un ordinateur de bord, le moteur reçoit une gestion électronique, les roues l’ABS, un système d’auto-diagnostique permettant d’aider le service après-vente… Des efforts qui permettent à Opel de se démarquer, et de remporter le titre de voiture de l’année 1987.

                L’Omega n’a pas de quoi pâlir face aux Renault 25 ou l’Alfa Romeo 164, elle peut même aller chercher une partie de la clientèle des Audi 100 et 200 et autres Mercedes W124. Pour les versions plus haut de gamme, l’Opel Senator, étroitement dérivée de l’Omega, peut faire l’affaire. Mais derrière sa belle vitrine, l’Opel Omega est plutôt la berline du bon père de famille, il n’y a pas de version performantes qui commencent à apparaître sur le marché. L’Omega la plus puissante, la 2.0i, proposait 122Ch, un peu juste face aux Mercedes et autres BMW. Une fois l’effet de nouveauté passé, l’Omega lutte difficilement dans son segment, c’est pourquoi General Motors, propriétaire d’Opel, décide de dynamiser la gamme Omega en attendant la seconde génération.

                Pour faire parler de l’Omega, il manque à la gamme une version performante. La première d’entre elle fut l’Omega 3000, lancée pour le millésime 1988, son six cylindres en ligne proposait 177Ch et permettait à l’Omega d’atteindre le cap symbolique des 220km/h. Pas mal mais peut mieux faire, le moteur vieillot manque de couple et la conduite n’est pas des plus passionnantes. Alors pour l’année 1989, Opel prépare une Omega 3000 24V, toujours avec son six cylindres en ligne mais dont la culasse reçoit 24 soupapes, la puissance passe à 204Ch et la vitesse maximale chatouille les 240km/h.

             La base est bonne, chez Opel, on est persuadé qu’on peut aller encore plus loin pour créer une voiture ultime. C’est d’ailleurs la tendance du moment, les constructeurs se livrent une bataille à coup de chevaux sur le segment des berlines routières, la BMW M5 E34, lancée en 1988, proposait déjà 315 ch. Alors chez Opel, on se met en relation avec les ingénieurs de Lotus, le constructeur anglais est alors une filiale de General Motors, comme Opel, avec un projet qui vise à améliorer les performances de l’Omega pour en faire une voiture exclusive. La rentabilité ne semble pas être le premier mot d’ordre, l’idée est davantage de faire une voiture à l’image forte qui pourrait attirer la clientèle vers la gamme Omega, en attendant la prochaine génération en gestation. On avait aussi sans doute en tête les Ford Cortina Lotus et Talbot Sunbeam Lotus…

                  Le principal travail de Lotus se passe sur le moteur, la base de travail est le six cylindres 3,0 litres de l’Omega 3000 24V de 204Cv. Le moteur est renforcé pour recevoir un important surcroit de puissance, le vilebrequin et les bielles sont spécifiques au modèle. La cylindrée passe de 3.0 litres à 3.6 litres, le moteur reçoit deux turbo Garett T25 et un échangeur air/eau, la puissance finale s’envole à 376Ch. Pour la transmission, Lotus pioche dans la banque de pièce GM la boite ZF manuelle à six rapports de la Corvette ZR1. En terme de chiffre, on est très proche d’une Ferrari Testarossa qui proposait alors 290Ch, et l’Omega Lotus fait armes égales avec une Alpina B10 Biturbo E34 qui propose elle aussi 376Ch. La contrepartie des performances, la consommation est élevée avec une moyenne à 18 litres aux 100km, jusqu’à 30 si le conducteur tape dedans.

                 Avec toute cette puissante, il n’était pas question de ne pas améliorer le châssis de l’Omega afin d’en faire une véritable sportive. La structure de la voiture est ainsi renforcée, le châssis est rabaissé, un correcteur d’assiette est intégré sur l’essieu arrière, des amortisseurs plus fermes sont montés… la carrosserie de l’Omega est également profondément améliorée avec un kit carrosserie comprenant élargisseurs d’ailes, entrées d’air sur le capot, bas de caisses plus robuste, un important aileron arrière et des pare-chocs très enveloppants, sans oublier des jantes 17 pouces de l’équipementier Ronal.

                   Lors de sa présentation en 1990, l’Opel Omega Lotus fait sensation avec sa fiche technique, les 376Cv, outre de damer le pion aux Mercedes 500E (326Cv) et à la BMW M5 du moment (315Cv), permet des performances de premier ordre avec une vitesse maximale à 284km/h, 5,8 secondes pour effectuer le 0-100km/h, ou encore 24,5 secondes pour courir le 1.000 mètres.

                Proposée au prix de 480.000 Francs, l’Opel Omega Lotus est une voiture exclusive, elle ne remplira d’ailleurs même pas les objectifs initiaux qui espéraient la commercialisation de 1.100 exemplaires sur les millésimes 1990 à 1993. Seuls 950 unités de l’Omega Lotus ont été vendues (y compris la version anglaise nommée Vauxhall Carlton Lotus), dont 59 pour la France. Inutile de vous le dire, trouver une Omega Lotus est une chose rare, et les prix restent élevés pour une voiture exclusive, puisque quelques dizaines de milliers d’euros sont nécessaires pour pouvoir se mettre à son volant en qualité de propriétaire !

2 réflexions sur « Opel Omega Lotus (1990-1994) »

  1. Dans les années 1994/1995, j’avais un client qui en avait une, il m’a une fois emmené au restau un midi …
    sacrè bête cette voiture, avec des accèlérations donnant un sacré coup de pieds au cul 🙂

    Si je me souviens bien la sienne a fini quelques mois plus tard par prendre feu au niveau du péage d’Arras sur l’A1.

    Cdlt

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