Manic GT (1969-1971)

                Le Canada n’est pas une grande terre d’automobile, si ce pays est un producteur de véhicules, c’est notamment grâce aux constructeurs étrangers, et notamment américains, qui y ont implanté des usines. Mais quelques marques bien canadiennes ont tenté d’exister, c’est le cas de Manic dont les liens de parenté sont très forts avec la France… 

Manic GT (1)

               Dans les années 1950, la Régie Renault tente de s’implanter sur le marché américain et vise les Etats-Unis (lire aussi : Renault aux Etats-Unis), puis le Canada dans les années 1960 en profitant d’un mouvement visant à favoriser les capitalistes francophone du Quebec. Renault et Peugeot participent au financement d’une usine qui assembla, dès 1965, des voitures acheminées en kit depuis la France. Renault place de grands espoir sur le marché canadien et charge les membres de sa structure canadienne d’étudier la possibilité d’importer les Alpine.

                C’est alors Jacques About, un français installé à Montréal, alors en charge des relations publiques et de la communication de Renault au Canada, qui prend la direction des études de marché. Passionné de sport automobile, About se donne corps et âme pour convaincre la Régie d’importer l’Alpine A110. Mais les faibles ventes de Renault au Canada douchent les ambitions de la Régie qui décide d’abandonner l’idée d’importer des Alpine outre Atlantique.

Manic GT (5)

               Toutefois, fort de son expérience de terrain, Jacques About décide de prendre les choses en main. Si Alpine ne vient pas au Canada, il créera une voiture dans le même esprit. Mais sans le moindre sou en poche, Jacques About va user de son expérience dans la communication et se lancer en compétition automobile, fonde la société Manic Imc au cours de l’année 1968 et conçoit une monoplace en collaboration avec le constructeur GRAP pour courir en Formule B, le tout avec le soutien financier du cigarettier Gitanes. Cette monoplace signera des records sur les circuits de St-Jovite et Mosport, conférant de la crédibilité à la marque Manic.

Manic GT (3)

                   Avec ces performances et le don de Jacques About dans la communication, celui-ci présente son projet de petite sportive abordable dans l’esprit des Alpine. L’entreprise Bombardier, la famille Steinberg, du gouvernement canadien ou encore le Crédit Industriel du Québec financent le projet et injectent 1,5 million de dollars dans Manic. Le projet est ambitieux, Jacques About entend commercialiser 2.000 exemplaires de sa petite voiture tous les ans, une usine est construite à Granby avec 40 emplois créés.

Manic GT (2)

                La voiture, quant à elle, est réalisée sur un châssis de Renault 8 (lire aussi : Renault 8) et en reprend sa mécanique, le client pouvant opter pour différentes puissances du quatre cylindres en ligne : 65, 80 et 105 Ch. De base, la voiture propose une boite à quatre rapports mais une boite optionnelle permet de disposer d’une cinquième vitesse. La carrosserie est l’oeuvre du designer français Serges Soumille, celle-ci est réalisée en polyester pour alléger le poids de la voiture qui, au final, affiche 658kg sur la balance.

                Côté performances, la Manic GT permet, selon la puissance de son moteur, d’atteindre 169, 193 ou 217km/h. Malheureusement, le comportement de la voiture n’est pas au mieux, le poids étant concentré sur l’arrière, l’avant a la fâcheuse tendance de se soulever, aidé en cela par une aérodynamique peu étudiée…

Manic GT (4)

                 Finalement dévoilée au public lors du salon de salon de Montréal se tenant courant avril 1969, la Manic GT reçoit un bon accueil du public. Hélas, les ventes ne décollent pas, le prix de la voiture est en cause, proposée entre 2.200$ et 3.400$ selon les options choisies, une somme relativement élevée pour l’époque (entre le tiers et la moitié du revenu moyen d’une famille canadienne). Face aux faibles ventes, Manic a de plus en plus de mal à se procurer des pièces auprès de Renault, qui décide de couper tout lien avec la petite entreprise canadienne, l’obligeant à se tourner vers les concessionnaires pour trouver de quoi produire les Manic GT.

                 Le mal était fait, les investissements ne sont jamais rentabilisés, et seules une centaine de Manic GT trouvent preneur jusqu’au 29 mai 1971, date de liquidation de la marque et donc, de la fin de production de cette voiture. Dans le même temps, Renault commençait à réduire la voilure au Canada…

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