Alfa Romeo Alfa 6 (1979-1986)

                 Au cours des années 1960, l’allemand BMW commence à se faire connaitre en Europe et marche sur les plate-bandes d’Alfa Romeo. Si la marque italienne est reconnue pour ses coupés sportifs, elle est un peu moins pour ses berlines haut de gamme. L’Alfa Romeo Alfa 6 devait tenter de remédier à cela mais un lancement trop tardif condamnera sa carrière… 

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                C’est dans les années 1960 que le constructeur italien Alfa Romeo lance deux voitures qui font date, la Giulia GT surnommée Coupé Bertone, présentée en 1963, suivie de la Spider dévoilée en 1966 (lire aussi : Alfa Romeo Spider). Pour le créneau des berlines, si la Giulia est une offre pertinente, le haut de gamme italien souffre  : la 2600, lancée en 1961, voit ses ventes patiner. A la fin des années 1960, la direction d’Alfa Romeo est décidé à lui donner une descendance et met en oeuvre le projet 119 avec une commercialisation prévue en 1973. Mais la 2600 n’attendra pas, ses ventes sont tellement faibles que le constructeur italien décide de mettre un terme à sa carrière en 1969 après 2.051 unités vendues…

             Le projet 119 doit permettre à Alfa Romeo de revenir dans la course face aux BMW et autres Mercedes, mettre un terme au déficit d’image causé par une fiabilité hasardeuse. Les choix techniques du futur haut de gamme italien sont rapidement définis : moteur V6, un ensemble moteur-boite sous le capot moteur, et même la traction. Mais derrière ces beaux projets, les ingénieurs italiens sont rapidement confrontés à une réalité bien difficile : les finances d’Alfa Romeo ne permettent pas le développement d’un nouveau modèle, il faudra faire du neuf avec la banque de pièces alors existante…

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               C’est ainsi que l’Alfa Romeo Alfa 6 se voit contrainte d’emprunter la base de l’Alfetta légèrement modifiée et sa cellule, l’Alfa 6 se distinguera sur sa longueur avec les parties avant et arrière rallongées pour en faire une berline de standing. En revanche, l’Alfa 6 dispose de trains roulants spécifiques, un meilleur système de freinage par rapport à l’Alfetta et accueille un différentiel autobloquant sur le train arrière pour améliorer la tenue de route de la voiture.

           Côté mécanique, si le projet initial prévoyait de reprendre le V8 de la Montreal (lire aussi : Alfa Romeo Montreal), les ingénieurs italiens reviennent rapidement à la raison en développant un nouveau moteur V6 réalisé sous la direction de Giuseppe Busso. A l’origine, la cylindrée visée était 2,2 litres mais des problèmes de mise au point mènent à tout repenser autours d’un 2,5 litres. Ce moteur reçoit un arbre à came par banc de cylindres, six carburateurs assurent l’alimentation et seront le cauchemar de nombre de mécaniciens sur leur réglage. Proposant 156Ch, ce moteur devait permettre à l’Alfa 6 des performances qui n’ont rien à envier aux rivales germaniques. Une boite manuelle provenant de l’équipementier ZF est accolée au moteur, en option, une boite automatique à trois rapports du même fournisseur.

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               Alors que tout était prêt pour une commercialisation à l’automne 1973, la crise pétrolière pousse Alfa Romeo a reporter le lancement de l’Alfa 6 à des temps meilleurs. Lancer une berline à la consommation élevée n’est pas propice et cette crise est certainement temporaire pense-t-on chez Alfa. hélas, la crise dure, et quand elle parait digérée par le conducteur, en 1975, des problèmes sociaux bloquant les usines Alfa Romeo empêche tout lancement. Trois ans plus tard, la seconde crise pétrolière frappe à nouveau le monde, de peur que l’Alfa 6 soit désuète avant son lancement, Alfa Romeo décide de tenter le tout pour le tout et lance (enfin) sa grande berline en 1979.

           L’arrivée de l’Alfa Romeo Alfa 6 dans les concessions ne suscite pas d’enthousiasme particulier de la part de la clientèle, tout juste apporte-t-elle une offre supplémentaire dans le haut de gamme italien à côté des Lancia Gamma et Fiat 132. Ligne désuète, performances en dessous des concurrentes germaniques,  habitabilité faible, et quelques soucis de fiabilité sur l’électronique dont la presse fait ses choux gras égratignent l’image du modèle.

              Quatre années après son lancement, en 1983 donc, l’Alfa 6 s’offre un restylage avec l’aide de Bertone, la voiture troque ses optiques rondes contre des phares rectangulaires, des pare-chocs en plastique noir plus enveloppants sont à peu près les seuls changements. Sous le capot, l’offre évolue avec désormais trois motorisations disponibles, le V6 2,5 litres est reconduit avec une injection pour devenir 2.5i Quadiofoglio Verde, un V6 de 2,0 litres est lancé pour des raisons fiscales et propose 135Ch, et un cinq cylindres Diesel turbocompressé provenant de chez VM Motori offrant 105Ch.

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               Ces nouveautés n’ont pas fait recette, Alfa Romeo laisse l’Alfa 6 dans sa gamme jusqu’en 1986 et n’a, au long de sa carrière, convaincu seulement 12.288 acheteurs. Dans le détails, 1.771 exemplaires de la version 2,0 litres ont trouvé preneur, 2.977 Alfa 6 Diesel, le reste en version 2,5. Bref, un échec et une certaine rareté qui rend cette voiture intéressante aujourd’hui, notamment pour la faire redécouvrir aux amateurs du genre… 

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