Panhard aux Etats-Unis

              L’aventure de Panhard aux Etats-Unis aurait pu commencer dès les années 1950 avec la Dyna Junior. En effet, l’importateur américain Fergus Motors, basé à New York, commercialise alors des voitures anglaises qui connaissent un grand succès outre Atlantique. Voulant développer sa gamme et proposer un petit roadster bon marché, JB Fergusson (le fondateur de Fergus Motors) va contacter le constructeur Panhard, qui jouissait encore de sa réputation de marque de luxe, et qui proposait dans l’immédiat de l’après guerre des modèles populaires sophistiqués, avec entre autres, une carrosserie en aluminium.

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              Chez Panhard, le projet du petit roadster de Fergusson séduit, les études sont lancées, et pour faciliter sa production, il s’équipera du bicylindre de 850cm3 de la Dyna. Mais rapidement, Fergusson se retire du projet, doutant de sa viabilité aux Etats-Unis.

              Cependant, le marché américain devait être providentiel pour Panhard, ce petit constructeur que le plan Pons avait oublié et qui dès lors, aurait du le condamner. Panhard arrive toutefois à se maintenir en vie après guerre, et va réaliser des efforts sur ses points faibles, parmi lesquels figurent l’exportation. Panhard fonde donc dès le début des années 1950 un petit réseau aux Etats-Unis afin d’y être présent, mais cette activité américaine s’apparentera plus à une activité d’importateur que d’une véritable présence du constructeur outre Atlantique.

               Panhard y envoie, semble-t-il, des voitures par lots entiers, en espérant qu’elles seront écoulées sur place. Panhard semble miser uniquement sur la Dyna Junior dans les premiers temps, envoyés tout aussi bien en version carrossée qu’en châssis-nu.

                En 1953, l’un de ces concessionnaires américains, Pierre Perreau, distributeur de Panhard a Los Angeles, contacte le styliste Howard Dutch Darrin, qui est alors renommé outre Atlantique pour ses réalisations en polyester, un matériau tout nouveau qui à l’avantage de permettre de créer de nouvelles formes, tout en étant très léger. Ce dernier accepte de concevoir un prototype sur l’une des Panhard Dyna Junior importée. Ce prototype fut exposé lors du Los Angeles Motor Show d’octobre 1953 sur le stand Panhard. Avec sa coque en polyester, le véhicule gagne sur la balance et pourrait aller rivaliser avec la MG TD. Ce roadster était affiché au prix de 2.500$. Le véhicule a-t-il ensuite été commercialisé, les sources dont je dispose sont muettes à ce sujet, mais le projet est ensuite reparti en France pour être étudié, sans lendemain.

           Quoiqu’il en soit, les ventes de Panhard, tout comme sa présence aux Etats-Unis, demeurent anecdotiques. En 1954, les Dyna Z sont exportées sur le nouveau continent, sans que le succès ne soit au rendez-vous. D’ailleurs, les Dyna Z étaient envoyées aux Etats-Unis dans leur spécification française et mises aux normes américaines qu’une fois arrivée sur le continent, on remarque sur la photo ci-dessous l’absence de phare en attendant le montage des optiques américaines.

                 A la fin des années 1950, les constructeurs débarquent aux Etats-Unis, Renault, suivit par Peugeot et Citroën et forment avec plus ou moins de mal un réseau plus conséquent. Les liens en France commençant à se tisser entre Citroën et Panhard, c’est par le biais de Citroën que les Panhard s’écouleront désormais aux Etats-Unis, aux côtés notamment de la fameuse DS.

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                 Puis vient le tour de la Panhard PL17 de faire son apparition en 1959, laquelle sera rapidement envoyée aux Etats-Unis. Sur cette photo ci-dessous, prise lors d’un salon de l’Automobile a Chicago, on remarque que 4 véhicules sont présents sur le stand Panhard, deux PL17 berline, une cabriolet, mais plus étonnant, une DB. Moteur Panhard oblige, sans doute les dirigeants du petit constructeur français y ont vu un produit qui serait susceptible d’intéresser aux Etats-Unis.

              Citroën jouera-t-il le jeu de distribuer les Panhard aux Etats-Unis ? Leur faible diffusion et la concurrence faite avec les Citroën a sans doute du freiné cette activité, d’autant plus que Citroën prendra contrôle de Panhard en 1965. La suite on la connait, en 1967, Panhard disparait, les usines sont alors reconverties pour produire des Citroën, l’aventure aux Etats-Unis s’arrêtant ici par la force des choses.

Si vous avez d’autres informations sur la présence de Panhard aux Etats-Unis, merci de laisser un commentaire, je vous recontacterais par la suite.

Remerciement pour cet article à Fabrice J. qui m’a rappelé la présence de Panhard aux Etats-Unis, ainsi que pour son travail de recherche qui a été précieux pour la rédaction de cet article.

2 réflexions sur « Panhard aux Etats-Unis »

  1. Article très instructif mais dIre que le Plan Pons a oublié Panhard est franchement erroné.
    Je vous renvoie à la p.425 de la publication « L’industrie automobile française : un cas original? » de Jean-Louis Loubet
    «  Pour les pouvoirs publics français, le marché de la voiture légère est scindé en trois segments principaux. Ainsi délimités, il est alors réparti aux différentes marques nationales, en fonction des premières estimations de production. Panhard et Simca doivent encore une fois s’associer pour faire ensemble une petite voiture populaire. Il s’agit de l’A.F.G., un prototype réalisé avec le concours de l’Aluminium Français dont Jean-Albert Grégoire était l’ingénieur responsable du projet »
    http://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1999_num_18_2_2042

    Même si l’AFG est resté à l’état de prototype car difficilement industrielle vu la rareté des matières premières après-guerre, elle débouchera tout de même sur la petite Dyna X dès 1947.

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