Ford Corcel (1968-1977)

               En Amérique latine, Ford a produit entre 1968 et 1977 une voiture proche de notre R12 nationale, la Corcel, dont la ressemblance physique ne doit rien au hasard. En réalité, c’est par le jeu des coopérations, alliances et rachats que la Ford Corcel est née, une histoire que je vous propose aujourd’hui…

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               Depuis que Renault est passé sous le giron de l’Etat français, la Régie tente de conquérir de nouvelles parts de marché dans le monde, cette mission a de multiples objectifs : permettre à Renault d’être un géant mondial de l’automobile, être présent sur les marchés émergents, et surtout, rapporter des devises en France. C’est ainsi que l’Etat français lance Renault aux Etats-Unis dès les années 1950 (lire aussi : Renault aux Etats-Unis) mais également sur de nombreux marchés, comme la Roumanie où Renault participe à la création de Dacia (lire aussi : l’histoire de Dacia), ou encore l’Espagne avec FASA… En Amérique du sud, la branche brésilienne de Willys-Overland signe un accord dès 1958 avec Renault pour y produire localement la Dauphine.

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               Voilà la premier acte de l’histoire de la Ford Corcel, pendant dix ans, la Dauphine produite par Willys connait un certain succès localement, si bien que lorsque Renault étudie le lancement d’une traction avant sur ce segment, la future R12 (lire aussi : Renault 12), les ingénieurs brésiliens de Willys-Overland emboitent le pas dès 1966 avec le projet M. Ce dernier utilise la base de la Renault 12 mais aussi ses mécaniques, mais celle-ci pourrait légèrement changer d’aspect pour le marché sud-américain.

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               Si tout semblait avancer au mieux, l’année 1967 chamboule les forces en présences. Le constructeur américain Kaiser, qui détient entre autres Willys-Overland, est lâché par sa maison mère Kaiser Industrie, et si la division américaine de ce constructeur – comprenant Jeep – est racheté par AMC, la filiale brésilienne Willys-Overland est reprise par Ford. Renault se fait sans doute damner le pion au Brésil puisque l’entreprise française rachète IKA, filiale argentine de Kaiser… Bref, le second acte de la Ford Corcel est en place.

               Ford propriétaire de Willys-Overland, la marque américaine aurait pu marquer le coup en stoppant le projet M dont la base venait d’un concurrent. Mais le projet, sans doute trop avancé pour se permettre ce luxe, est maintenu par Ford et est même lancé en 1968, soit un an avant la Renault 12. Esthétiquement, il y a un lien de parenté que l’on ne peut nier entre les deux voitures, la Corcel, bien que différente de la R12, dispose de la même silhouette, aidée par l’inclinaison du pare-brise et du capot, la forme des ailes avant, le vitrage…

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               Sous le capot, le lien de parenté est encore plus fort puisque les Ford Corcel utilisent un moteur Renault, le Cléon de 1.289cm3 qui propose 68Cv directement issu de la Renault 12. Quelques modifications lui sont apportées afin de pouvoir rouler avec l’essence disponible en Brésil, de qualité inférieure à celui disponible dans l’Hexagone. C’est ainsi que le taux de compression est légèrement inférieur.

               En 1969, Ford décline la Corcel en une version coupé qui s’impose rapidement sur le marché brésilien, suivi en 1970 d’un break dont les lignes semblent copiées au break Renault 12 mais disponible uniquement en version trois portes. Cette même année, la Corcel Coupé est disponible dans une version plus puissante nommée GT, reconnaissable extérieurement par ses bandes latérales. Par la suite, Ford applique à la Corcel la recette dont les américains ont le secret : le restylage annuel. Ceci éloigne petit à petit la Corcel de la Renault 12. En 1973, un important facelift donne à la Corcel un avant inspiré de la Ford Escort, tandis que les moteurs d’origine Renault sont troqués contre des moteurs Ford.

               La Ford Corcel première du nom fut produite jusqu’en 1977, année où elle cède sa place à la seconde génération du modèle, disponible en version break et coupé, mais toujours réalisée sur la base de la Corcel I. Cette Corcel II fut produite jusqu’en 1986, sa base fut déclinée en une berline nommée Del Ray produite de 1981 à 1991, ainsi qu’en variante pick-up, la Ford Pampa, commercialisée de 1982 à 1997. Au final, la Ford Corcel nous dévoile encore plus la réussite de Renault dans la conception de la R12, dont son PDG, Pierre Dreyfus, voulait en faire une voiture monde…

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