Panhard Dynamic (1936-1940)

           En 1934, la Traction d’André Citroën frappe les esprits en France ainsi qu’en Europe. Les constructeurs commencent dès l’année suivante à affûter  leurs armes, pour Panhard & Levassor, il faudra attendre 1936 pour voir sortir une nouvelle voiture dans les normes ainsi insufflées : la Panhard Dynamic.

             Présentée lors du salon de l’automobile de Paris 1936, la Panhard Dynamic amène avec elle quelques innovations, notamment sur le plan aérodynamique et mécanique. Sur le plan du style, la voiture interpelle de suite par son originalité, les lignes toutes en courbes cèdent à la mode du streamline moderne. Le dessin est signé Louis Bionier, il est remarquable sur bien des points et n’a rien à envier aux plus grands carrossiers des années 1930 ! D’ailleurs, la Panhard Dynamic semble être venu tout droit du futur lors de sa sortie. Mais en plus d’être agréable à regarder, la carrosserie de la Dynamic avait fait l’objet d’études aérodynamiques poussées afin d’offrir le moins de résistance possible.

                Sous sa ligne futuriste, la Panhard Dynamic cache aussi quelques innovations, notamment la structure autoporteuse monocoque, une solution technique encore rare dans le domaine des voitures de luxe, pour ne pas dire de l’automobile en général. Par cette technique, la Dynamic est une voiture plus légère que la concurrence et surtout plus rigide. D’autres solutions originales sont adoptées, notamment les petites vitres verticales de chaque côté du pare-brise, permettant d’effacer l’angle mort du montant et de conférer une vision panoramique aux occupants de la voiture. Cette solution avait déjà été testée sur la Panhard Panoramique, c’est donc logiquement quel la Dynamic la reprend.

                 Autre solution, cette fois inédite, le volant se situe au milieu de l’habitacle ! En cette fin des années 1930, un débat animait les constructeurs d’automobiles de luxe en France, fallait-il laisser le volant à droite comme cela se faisait ou le positionner à la gauche comme le reste de la production automobile de l’hexagone ? Panhard tranche à sa façon ce « litige », mais cette option ne plait ni aux uns, ni aux autres. Face aux critiques, Panhard reviendra vite sur ce choix !

               Techniquement parlant, la Panhard Dynamic est également moderne, outre le moteur sans soupapes fabriqué sous licence Knight qui fait l’originalité de la marque, qui rappelons-le est un six cylindres en ligne; la voiture s’équipe d’un système de freinage hydraulique à circuit séparé, et d’une suspension très perfectionnée. Quant à la boite de vitesses, il s’agit d’une simple boite mécanique à quatre rapports. Grâce à tout cela, la voiture peut atteindre les 130km/h en vitesse de pointe, une vitesse honorable pour une berline de luxe !

                  Cependant, le lancement de la Panhard Dynamic intervient au plus mauvais moment ! Après les grèves et l’arrivée du front populaire au pouvoir, la clientèle aisée ne souhaite plus s’afficher dans une grosse voiture aussi voyante que la Dynamic. Et pour ceux que la Dynamic n’effrayaient pas, les usines Panhard vont connaître elles aussi des grèves lors du lancement de la voiture qui affecteront les premières ventes. Au final, la Dynamic ne connait pas le succès commercial espéré, la voiture ne vit que par les commandes de l’armée qui l’utilise dans sa version limousine.

                Pourtant, Panhard avait développé toute une gamme autour de la Dynamic, disponible dès son lancement en deux versions : X76, 14 chevaux fiscaux et 130Ch; ou X77 à 16 chevaux fiscaux et 140Ch. Plus tard, une troisième version apparait, la X80 avec ses 22Cv fiscaux et 160 chevaux moteur; ce qui sonne le glas de la version X76 jugée sous motorisée.

                  Et pour chaque version, plusieurs variantes de carrosseries étaient disponibles, outre la classique berline, deux coupés étaient proposés : la Junior et la Major. Entre les deux, peu de différences, la Major se distingue de la Junior par ses custodes ! Autre version, un cabriolet dont la production a du rester très anecdotique car seule une photo officielle nous est parvenue de cette version. Enfin, n’oublions pas la version limousine, dont nombre d’exemplaires ont été commandés par l’armée française afin de servir de voiture de grandes liaisons.

                     Panhard va donc simplifier sa gamme, c’est en 1939 que le volant central est déplacé sur la gauche, la dénomination change : les X77 et X80 deviennent respectivement X81 et X82. Mais ces efforts n’auront pas le temps de prendre, avec la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, suivit de l’occupation quelques mois plus tard, la production des Panhard Dynamic s’interrompt courant 1940, Panhard propose alors des systèmes gazogènes pour pallier la pénurie d’essence.

               Mais des bombardements sur les installations de Panhard vont sceller le sort de la Dynamic, qui restera bloquée à 2.581 unités. Après guerre, jamais la production de cette voiture ne sera relancée, Panhard préférant se spécialiser sur les voitures populaires, avec la Dyna X…

Poursuivez l'aventure avec la Panhard Dynamic sur le site de Patrimoine Automobile : Dynamic Coupé de 1936

10 réflexions sur « Panhard Dynamic (1936-1940) »

  1. Les DYNAMIC, en limousines six glaces’ ont été essentiellement acquises par l’armée.
    Le général Gamelin aurait été destinataire d’un exemplaire, en 1937.
    Un passionné aurait-il plus de renseignement et, éventuellement des photos de cet officier supérieur, avec sa voiture?
    Merci d’une réponse.
    Laronduba

  2. J’ai un camarade de classe dont le père était possesseur d’une Dinamic de couleur bleu nuit. Le volant était bien rapproché du côté gauche mais pas complètement, On pouvait de ce fait installer un passager à gauche du chauffeur.
    J’aimerai voir des photos du modèle précédent équipé du 6 cylindres sans soupapes mais dont les lignes étaient plus proche d’une Rosalie par exemple.

  3. Plusieurs remarques: La « Panoramique » est une évolution des modèles de la série S (pour surbaissée) lancée en 1930 avec les 6DS, 6CS et 8DS. Cette carrosserie Panoramique apparait en 1934. Il s’agit donc bien d’une gamme antérieure à la Dynamic, avec un châssis séparé et une construction classique à ossature bois. Les toutes dernières Panoramiques seront produites en parallèle avec les Dynamic vers 1938.

    D’autre part, au sujet des Dynamic 130 X76, 140 X77 (puis X81) et 160 X80 (puis X82): il ne s’agit évidemment pas de 130CV, 140CV ou 160CV! Ces chiffres seraient bien trop élevés pour l’époque. Il s’agit en fait d’appellations commerciales basées sur la vitesse maximale des modèles (130km/h, 140km/h et 160km/h). Panhard continuera d’ailleurs avec cette logique sur ses premières Dyna 100, 110, 120 et 130 (que l’on appelle maintenant Dyna X bien que cela n’était pas leur désignation commerciale de l’époque).

    1. J’ajoute aussi que les différences entre le coupé Junior et Major ne concernent pas la vitre de custode mais l’empattement, raccourci sur le Junior et plus long sur le Major. Rapidement le coupé Junior va disparaitre, tandis que le coupé Major sera remplacé par un coach, équipé de vitres de custode.
      Encore du côté des carrosseries, deux cabriolets différents seront proposés (avec encadrements de vitres latérales fixes ou sans) mais il n’en subsiste aucun aujourd’hui.

      Dernière chose : les dernières Dynamic seront assemblées jusqu’en 1948 et il y aura même une exposée cette année-là sur le stand de la marque au salon de l’auto de Paris. Mais il semble bien que les outillages avaient été détruits pendant la guerre et ces derniers modèles étaient assemblés avec des pièce détachées restant à l’usine.

  4. Merci, bon article.
    Mais je crois que la « Panoramique » n’était pas un modèle en soi, même si elle est qq fois appelée de ce seul nom.
    Elle n’aurait donc pas précédé la Dynamic.
    Je crois que c’était une version de la Dynamic, et qu’il faut dire Dynamic Panoramique ……
    Hervé

  5. je me permets juste une petite remarque: ce n’est pas la Dyna Z qui est sortie à l’après-guerre, mais la X surnommée la « Louis xv » du fait de ses lignes plutôt chargées. La Z lui a succédé, puis ensuite la PL 17 et enfin la PL 24. mais je pense plutôt à une faute d’inattention de votre part!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *