Citroën Ami6 (1961-1969)

             Pendant la seconde partie des années 1950, la gamme Citroën jouait au grand écart entre une frêle 2CV destinée aux agriculteurs et la luxueuse DS réservée aux cadres de grandes entreprises. Entre les deux modèles, rien… Avant que Citroën lance l’Ami6 en 1961, une petite berline au style décalé… 

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              Dans les années 1950, Michelin qui était le propriétaire de Citroën met en oeuvre son projet de petite voiture populaire, la 2CV est présentée en 1948 et permet à une clientèle alors délaissée par les constructeurs d’obtenir une automobile. Mais Citroën, c’est aussi le haut de gamme et l’innovation, Michelin ne peut laisser la Traction sans descendance et lui donne la DS, une voiture qui envoie ses rivales au rang des antiquités. Avec ces deux projets consommateurs de ressources humaines et financières, le double chevron n’a pas travaillé sa gamme qui, dès 1955, présente un vide important entre ses deux offres.

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             Toutefois, Citroën s’en rend compte rapidement et, avant même la sortie de la DS, une équipe des bureaux d’études reçoit en 1953 la mission d’étudier une petite berline sur la base de la 2CV mais en utilisant les principes aérodynamiques issus de l’aviation. Entre 1953 et 1956, dix études voient le jour dont la fameuse C10 qui vient clore ces années de recherches. Toutefois, la voiture est trop futuriste et difficilement industrialisable, par conséquent, les bureaux d’études Citroën doivent alors réfléchir à une autre option.

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                Plusieurs idées sont avancées par les ingénieurs, dont notamment celle de reprendre la suspension hydropneumatique… Finalement, Citroën préfère jouer l’économie en récupérant le châssis de la 2CV ainsi que son moteur, qui devra toutefois être assez puissant pour conférer à la voiture une pointe au-delà des 100km/h. Le maître-mot des études est le confort, la voiture devra avoir des qualités proches d’un haut de gamme sans proposer un prix démesuré.

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                   Car un autre maître-mot qui guide l’élaboration de cette nouvelle voiture, c’est l’économie. En effet, la voiture est vue par Citroën comme une rustine dans sa gamme en attendant de disposer de moyens pour développer un modèle qui soit réellement dans l’esprit Citroën, le prototype C60 réalisé en 1960 permettait de s’imaginer ce que serait l’avenir de Citroën sur ce segment. De ce dernier est repris ce qui fut la signature de l’Ami6, sa lunette inversée dessinée par Bertoni, une solution qui permet de protéger la lunette de la pluie et d’offrir une plus grande malle pour le coffre.

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                 Cette nouvelle venue est présentée en 1961, elle se dénommera Ami6 et se démarque de suite par sa carrosserie aux formes atypiques. Outre la lunette inversée, le capot plongeant cerné par deux optiques rectangulaires n’est pas sans critiques. Mais ces critiques n’empêchent pas l’Ami6 de connaître un bon début de carrière, ne se rappelle-t-on pas de la 2CV qui fut elle aussi victime d’une pluie de critiques lors de sa présentation ? Chez Citroën, on croit au modèle qui est assemblée au sein de la toute nouvelle usine de Rennes.

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                       Côté moteur, l’Ami6 dispose du bicylindre de la 2CV dont la cylindrée est portée à 603cm3 pour une puissance de 22Cv, bien assez pour déplacer les 620kg de la voiture tout en lui conférant des performances convenable vis à vis de ses rivales. Les premiers retours sont plutôt flatteurs pour la voiture,  le confort est au rendez-vous, le moteur est assez performant… En dépit de ces qualités, Citroën constate dès la fin de la première année de commercialisation que l’Ami6 est en dessous des prévisions de ventes, pire encore, le millésime 1963 voit déjà une baisse du nombre d’exemplaires écoulés…

                    Le coupable est vite désigné, l’Ami6 est handicapée par son style particulier et Citroën étudie déjà les solutions pour relancer le modèle, celle retenue est la version break. Pierre Bercot, président de Citroën, était farouchement opposé aux breaks, mais il est contraint de revoir sa position sur l’Ami6 car cette solution permet d’effacer à moindre coût la lunette inversée, et de proposer un hayon, élément que la Renault 4 venait de mettre à la mode.

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                 Le break Ami6 est validé au début de l’année 1964 ce qui permet de le présenter lors du salon de Paris qui se tient en octobre de la même année, et déjà, la voiture arrive à convaincre plus facilement le public avec une ligne classique et un important volume de coffre. Les chiffres sont sans équivoque par la suite, dès le millésime 1965, l’Ami6 break représente les deux tiers des ventes du modèle, une lancée qui permet à l’Ami6 de devenir le modèle le plus vendu en France en 1966.

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                        La carrière commerciale de l’Ami6 est ainsi sauvée, la voiture disposera de quelques petites évolutions pour donner un peu de renouveau à cette gamme qui se fait vieillissante, en septembre 1967 apparaît la finition club qui se reconnait à ses doubles optiques rondes ou encore à ses enjoliveurs Gala. Le mois suivant, les feux arrières de l’Ami6 sont modifiés pour devenir des blocs carrés repris ultérieurement sur la 2CV. Enfin, en 1968, le moteur obtient un gain de 6Cv.

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                     L’Ami6 qui devait être à l’origine une voiture de substitution en attendant mieux intégra ainsi la gamme Citroën pendant presque une décennie, la faute au bureau d’études Citroën qui part dans de multiples directions dans les années 1960 avec le projet F qui n’amena rien de concret. Et face au succès du modèle commercialisé à 1.039.384 exemplaires, Citroën décide de donner un second souffle à cette famille en proposant dès 1969 l’Ami8, alors même que la GS allait être lancée en 1970…

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