Alfa Romeo Matta (1952-1955)

             Dans les années 1950, Alfa Romeo veut concurrencer son rival Fiat et répond à l’appel d’offre du ministère de la Défense italien pour doter l’armée d’un petit 4×4 dans l’esprit de la Jeep. Bien qu’opposé à la philosophie d’Alfa Romeo, le constructeur italien parvient au résultat escompté en quelques mois seulement pour donner naissance à la « Matta ».

Alfa Roméo Matta (7)

             Concurrencer Fiat, tel est le seul objectif de l’Alfa Romeo Matta, les firmes milanaise et turinoise ont toujours été de grandes rivales. Pourtant, tout les oppose, Fiat est davantage sur le marché de la voiture populaire quand Alfa Romeo était sur le marché de la voiture « chic », du coupé sportif ou du spider de ballade aux mécaniques nobles. Cette lutte a entre autre commencée sur la piste dans les années 1920. Après la seconde guerre mondiale, la principale préoccupation est de trouver des débouchés pour les automobiles, et l’appel d’offre du ministère de la Défense italienne lancé en 1950 pour remplacer les Jeep, et portant sur plusieurs milliers de véhicules ouvre les appétits des deux constructeurs.

             Si Fiat a été contacté le premier et se lance directement au travail, Alfa Romeo lui emboîte le pas sans réfléchir, bien que les bureaux d’études de l’entreprise milanaise n’ont aucune compétence en matière de 4×4. Pour se faire, la première étape est celle de l’apprentissage, Alfa Romeo acquiert un Land Rover 80 en Suisse et l’étudie sous toutes les coutures. Les premiers dessins du 4×4 Alfa Romeo sont signés à fin de l’année 1950 et sont très proches du 4×4 anglais. Début 1951, de nouveaux dessins sont réalisés pour s’écarter du Land Rover : calandre intégrant les phares, ailes simplifiées…

               Pour la mécanique, Alfa Romeo récupère le quatre cylindres de 1.884cm3 de 80CV alors utilisé sur la berline 1900. La transmission s’effectue sur les roues arrière en utilisation normale, un levier permet de passer en quatre roues motrices quand le besoin s’en fait sentir. L’originalité du 4×4 Alfa Romeo, c’est de se doter d’un blocage de différentiel sur les roues arrières quand le Land Rover n’en avait pas encore. Côté suspensions, Alfa Romeo opte pour un essieu rigide sur les roues arrière et des roues indépendantes à l’avant.

             Afin de tester la mécanique et les trains roulant sans attendre la création de la carrosserie du 4×4 Alfa Romeo, l’entreprise milanaise monte les trains roulants sur un Land Rover et confie le prototype aux militaires au mois de Mai 1951. Les premiers essais relèvent nombre de défauts : rapport de boite trop longs, l’huile à tendance à remonter dans les cylindres dans les pentes trop marquées… Les bureaux d’études Alfa Romeo se mettent alors à plancher sur une nouvelle boite de vitesses ainsi que sur un carter sec. Aussi, afin d’utiliser de l’essence ordinaire, Alfa Romeo se voit contraint de diminuer la pression du moteur, et revoit totalement la distribution afin de favoriser le couple. L’ensemble mécanique développe désormais 65Cv !

              Avec ces améliorations, le prototype est une nouvelle fois confié aux mains des armées italiennes, le véhicule est admiré pour ses capacités de franchissement mais le train avant nécessite de nombreux renforts pour suivre en milieu tout-terrain.

              Toutefois, Alfa Romeo ne perd pas de vue qu’il s’agit d’une course engagée avec Fiat, le 4×4 de Turin est présenté le 8 Septembre 1951 et prend le nom de Campagnola, la fiche technique du véhicule donne confiance à Alfa Romeo car les performances du Fiat sont moindres ! En réponse, Alfa Romeo présente son 4×4 une semaine plus tard à l‘occasion du Grand Prix de Monza, sous le nom de « Matta ». Et si le Matta est supérieur au Fiat Campagnola sur bien des points, le Fiat bénéficie d’une consommation moindre et d’un prix plus accessible !

              En effet, Alfa Romeo n’a pas réalisé d’économies sur l’étude du Matta puisque ayant dû partir d’une feuille blanche quand Fiat pouvait piocher dans sa banque de pièces. Heureusement, les performances du Matta lui ouvrent les portes des commandes publiques : 1.281 exemplaires pour l’armée, 457 pour la police, 29 pour la marine, 11 pour l’armée de l’air et quelques dizaines d’exemplaires pour divers autres corps de l’Etat. Produit à partir du printemps 1952, ces commandes publiques ne suffisent cependant pas à amortir les frais de recherches.

             Par conséquent, Alfa Romeo lance sur le Matta sur le marché civil (Type A.R.52 contre A.R.51 pour le militaire) et étudie un prototype à moteur Diesel qui resta sans lendemain, tout comme les prototypes de Matta break « tout acier » ou celui d’un Matta chasse neige à destination des collectivités territoriales. Seule une version Ambulance réalisée par Fissore entre 1953 et 1955 trouve une clientèle. La version civile, dans sa carrosserie originale, trouve quelques clients et se démarque par sa teinte beige, et ses accessoires tout terrains actionnés par une prise de force. Le confort est également amélioré sur la version civile et peut transporter jusqu’à six occupants.

Alfa Roméo Matta - pompier (1)

              Mais même dans sa version civile, les ventes ne décollent pas, seuls quelques centaines d’exemplaires s’écoulent par ce biais. Trop décalée par rapport à la philosophie d’Alfa Romeo, la commercialisation du Matta cesse en 1955 après seulement 2.059 exemplaires, et laissant désormais le champs libre à Fiat avec sa Campagnola…

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